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Le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba, a déclaré hier dans un entretien que la Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye est confrontée à une « crise de confiance » sur le continent africain du fait qu’à ce jour, elle est « dirigée seulement contre l’Afrique ». En tant que président du groupe des 123 États membres de la CPI – dont les pays africains constituent le bloc régional le plus nombreux – Kaba a fait de l’amélioration des relations de la CPI avec l’Afrique une partie centrale de son travail.

Un drapeau nord-coréen flotte au-dessus du village de Gijungdong, situé dans la zone démilitarisée séparant la Corée du Nord da la Corée du Sud. © 2014 Reuters

Cette critique déjà ancienne omet de reconnaître le rôle de la CPI dans son soutien aux innombrables victimes africaines qui ont subi des souffrances indicibles aux mains de leurs dirigeants. Certains dirigeants politiques africains ont tenté de repousser la justice pour ces victimes en décrivant la Cour comme un instrument néocolonialiste.

En même temps, la justice internationale a de fait été rendue de façon inégale. Des pays puissants et leurs alliés ont fait en sorte de se protéger pour ne pas avoir de comptes à rendre pour des crimes graves, en partie en refusant d’adhérer à la CPI. Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations Unies joue un rôle en déterminant quelles sont les situations à renvoyer à la CPI lorsque des crimes graves sont commis dans des pays qui ne sont pas membres de la CPI.

Les efforts de Kaba pour contester les propos anti-CPI sur le continent africain, en particulier dans son dialogue avec l’Union africaine, sont éminemment nécessaires et utiles. Mais le Sénégal peut faire davantage pour étendre la portée de la justice.

Plus tard ce mois-ci, l’Assemblée générale de l’ONU votera sur une résolution condamnant les violations des droits humains en Corée du Nord et pressant le Conseil de sécurité de renvoyer la situation à la CPI. Une commission d’enquête mandatée par l’ONU a constaté que la gravité, la nature et l’ampleur des crimes contre l’humanité commis en Corée du Nord révèlent une situation « qui n’a aucun équivalent dans le monde contemporain ». Le Sénégal s’est abstenu de voter sur cette résolution par le passé. Il est temps désormais qu’il vote « oui ».

La voix du Sénégal sur la scène internationale sera encore plus forte lorsque ce pays intégrera le Conseil de sécurité l’année prochaine. Au Conseil, le Sénégal devrait contribuer à construire une voie vers la justice pour les victimes nord-coréennes, et montrer que l’Afrique se tient aux côtés des victimes de graves abus, quel que soit l’endroit où ils sont commis. 

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