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Macron se plie à la vision de la Chine en matière de droits humains

Le président français renonce à rencontrer le Dalaï-Lama, invoquant le risque de crise avec la Chine

Montage photo montrant le président français Emmanuel Macron (gauche) et le Dalaï-Lama (droite) Images © 2017 Reuters
 

La rhétorique du Président Macron en août 2017 était à la fois louable et ferme : il affirmait alors que les intérêts diplomatiques et économiques de la France avec la Chine « ne sauraient justifier qu’on recouvre d’un voile pudique la question des droits de l’homme ». Et pourtant, dès le mois de janvier, la détermination de Macron semble s’être essoufflée : il n’a abordé publiquement aucun cas ni aucune question de droits humains lors de sa première visite présidentielle en Chine.

Cette semaine, il semble même que cette détermination ait complètement laissé place à la déférence. En réponse à une question posée lors de sa visite d’État aux États-Unis, Macron a déclaré que s’il rencontrait le Dalaï-Lama, prix Nobel de la paix, cela « déclencherait une crise avec la Chine ». Le président français, qui a rencontré le chef spirituel tibétain en exil lors de sa campagne électorale, a dit qu’il le trouvait « très inspirant », mais que le rencontrer nécessiterait une consultation préalable avec Pékin, et qu’une réunion symbolique avec lui serait probablement « inutile et contre-productive ».

Macron aurait dû saisir cette occasion pour mettre l’accent sur les restrictions généralisées du gouvernement chinois sur les communautés religieuses tibétaines, notamment la mise en place de cadres du parti communiste dans la gestion des monastères et couvents. Il aurait dû parler de la relocalisation forcée de nomades tibétains, des restrictions sévères imposées aux Tibétains dans l’obtention d’un passeport, ou encore dans l’exercice de leur droit à manifester pacifiquement et de critiquer les politiques du gouvernement. Il aurait même pu dire quelques mots pour exprimer son inquiétude face à l’ampleur des violations des droits humains commises par les autorités chinoises dans différents domaines. Au lieu de cela, Emmanuel Macron a préféré littéralement adopter la position de la Chine en matière d’interaction diplomatique avec le Dalaï-Lama.

Le président Macron n’est pas le premier dirigeant à critiquer les droits humains en Chine depuis son pays et à faire marche arrière à l’étranger. Mais alors que le gouvernement chinois porte de plus en plus atteinte aux droits au-delà de ses frontières – menaçant les dissidents à l’étranger, faisant pression sur des pays pour effectuer des retours forcés de réfugiés vers la Chine, ou sabotant les institutions internationales de droits humains, la réponse de Macron n’est pas seulement décourageante. Elle est aussi dangereusement de courte-vue pour la France et les autres pays qui, depuis longtemps, promeuvent les droits humains dans le monde.

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