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En pleine canicule, des CRS aspergent des militants écologistes de gaz lacrymogène

Le gouvernement devrait encourager les mobilisations pour le climat, pas les réprimer

Des CRS évacuent de force des jeunes militants écologistes alors qu'ils bloquent la circulation sur un pont lors d'une manifestation appelant les dirigeants mondiaux à agir contre le changement climatique, à Paris, le 28 juin 2019.    © 2019 Reuters/Charles Platiau

En fin de semaine dernière, la France a enregistré un record historique de chaleur avec un pic à 45,9 degrés. Alors que les températures augmentent partout dans le monde, les périodes de canicule deviennent plus intenses et plus fréquentes, et leurs conséquences peuvent être dévastatrices. Pourtant, le 28 juin, lorsque le mouvement Extinction Rebellion a organisé une manifestation sur un pont de Paris pour demander à la France d’agir plus rapidement pour réduire ses émissions de carbone, les manifestants ont fait face à une réponse sévère de la part de la police.

Des vidéos de la manifestation montrent des CRS faisant usage de gaz lacrymogène à bout portant contre une vingtaine d’activistes participant pacifiquement à un sit-in.

Human Rights Watch a déjà documenté des cas d’usage disproportionné de la force par la police française, notamment le recours abusif au gaz lacrymogène contre des migrants, notamment des enfants, à Calais en 2017, ainsi que lors de manifestations des « gilets jaunes » et de lycéens l’année dernière. Alors que les militants écologistes sonnent l’alarme, ils sont confrontés, dans plusieurs régions du monde, à la répression gouvernementale. Certains ont, par exemple, été empêchés de participer aux débats sur le climat l’année dernière en Pologne.

La réponse de la police française intervient à un moment où le gouvernement dans son ensemble semble convenir que la lutte contre le changement climatique est une priorité.

La semaine dernière, le Haut Conseil pour le climat, un groupe d'experts mandaté par le gouvernement, a publié un rapport concluant que la France n'est pas en bonne voie pour atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris. Le Parlement a pris acte de la menace mondiale en déclarant un état d’urgence climatique et écologique. En amont du sommet du G20 au Japon, le Président Emmanuel Macron a annoncé qu'il accorderait une place fondamentale à la lutte contre le changement climatique. Dans un récent discours, il a même appelé les jeunes qui militent pour le climat à continuer de demander des comptes à leurs dirigeants : « J’ai besoin que vous nous rendiez la vie impossible. […] Plus vous faites ça, plus ça nous oblige à bouger ».

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a demandé au préfet de police de Paris un rapport sur l’intervention de vendredi. Lundi, le parquet de Paris a ouvert une enquête afin de déterminer si la réaction de la police était proportionnée.

Le gouvernement devrait également réfléchir plus largement aux implications de ses actes à l'égard des militants écologistes. A l'heure où les défenseurs de l'environnement sont menacés au niveau mondial, le gouvernement français devrait se montrer à l’écoute  de ceux qui soulèvent les préoccupations liées au changement climatique, et non les réprimer.

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