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L’enseignant camerounais Fondant Meshack Nathan, photographié lors de sa détention à la gendarmerie de Sangmélima (région Sud) au Cameroun, le 14 septembre 2019. © 2019 Privé

Dans les sociétés ouvertes du monde entier, les enseignants incitent leurs étudiants à réfléchir de manière critique à l’actualité. Mais les enseignants camerounais pourraient y réfléchir à deux fois après l’arrestation de l’un d’eux pour avoir fait cela.

Le 13 septembre, Fondang Mesaack Nathan, professeur d’anglais au lycée d’d’Avebe-Esse,  village de la région Sud du Cameroun, a été arrêté après avoir mentionné en cours que le gouvernement pourrait envisager d’autoriser le leader de l’opposition Maurice Kamto actuellement détenu à participer à un dialogue national. Ce dialogue a pour but de répondre à la crise actuelle dans les régions anglophones du pays. Après tout, a expliqué Fondang lors de sa discussion avec un élève, si le gouvernement était prêt à s’asseoir pour parler à des groupes armés, il pourrait aussi bien le faire avec des opposants politiques.

La rumeur s’est répandue depuis la salle de cours qu’il y avait eu une discussion au sujet de Kamto, les autorités locales s’en sont mêlées et le lendemain matin Fondang se retrouvait en prison, accusé d’incitation à la rébellion.

Le vice-préfet, un administrateur local, l'a arrêté. L’avocat de Fondang soutient que, comme il avait été arrêté par un responsable local sans aucune autorité pour le faire, son arrestation était illégale. Une requête déposée par son avocat a permis sa libération le 18 septembre, mais Fondang est seulement en liberté conditionnelle et il lui a été ordonné de ne pas voyager. Les enseignants du lycée d’Avebe-Esse se sont mis en grève pendant deux jours pour protester contre l'arrestation de leur collègue.

L’arrestation de Fondang n’est que le tout dernier exemple de l’espace politique de plus en plus restreint au Cameroun. En vertu du droit international des droits humains auquel le Cameroun est lié, arrêter des enseignants pour leurs propos pacifiques viole leur droit à la liberté d'expression. Évoquer en cours des événements relevant de l’actualité n'est pas de la rébellion.

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