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Pakistan : Vague de meurtres ciblés d'Ahmadis

Les autorités devraient enquêter rapidement sur toutes les attaques, afin de traduire les responsables en justice

Des policiers pakistanais déployés devant le tribunal de district de Peshawar, peu après le meurtre de Tahir Shamim Ahmad, qui se trouvait au tribunal pour être jugé dans une affaire de blasphème, le 29 juillet 2020. © 2020 AP Photo/Muhammad Sajjad

(New York, le 26 novembre 2020) - Les autorités pakistanaises devraient enquêter d'urgence et de manière impartiale sur une vague d'attaques violentes contre des membres de la communauté religieuse ahmadie, ont déclaré aujourd'hui Human Rights Watch, Amnesty International et la Commission internationale de juristes (CIJ). Les autorités devraient engager des poursuites judiciaires contre les responsables de menaces et de violences contre les Ahmadis.

Depuis juillet 2020, il y a eu au moins cinq meurtres apparemment ciblés de membres de la communauté ahmadie. Dans seulement deux cas, la police a placé un suspect en garde à vue. Les autorités pakistanaises ont depuis longtemps minimisé, et parfois même encouragé, la violence contre les Ahmadis, dont les droits à la liberté de religion et de conviction ne sont pas respectés en vertu de la loi pakistanaise.

« Peu de communautés au Pakistan ont autant souffert que les Ahmadis », a déclaré Omar Waraich, responsable de l'Asie du Sud à Amnesty International. « La récente vague de meurtres est un rappel tragique de la gravité des menaces auxquelles ils sont confrontés, et de l'indifférence des autorités qui n’ont ni protégé les membres de cette communauté, ni punir les auteurs de ces crimes. »

Le 20 novembre, un adolescent aurait abattu le Dr Tahir Mahmood, 31 ans, alors qu'il ouvrait la porte de sa maison dans le district de Nankana Sahib, au Pendjab. Le père de Mahmood et ses deux oncles ont été blessés lors de l’attaque. La police a rapporté que le suspect « a avoué avoir agressé la famille en raison de divergences religieuses ».

Plusieurs attaques récentes ont eu lieu dans la ville de Peshawar, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Le 9 novembre, Mahmoob Khan, 82 ans, a été tué par balle alors qu'il attendait à une gare routière. Le 6 octobre, deux hommes à moto ont intercepté la voiture du Dr Naeemuddin Khattak, 57 ans, professeur au Collège supérieur des sciences du gouvernement, et ont tiré cinq coups de feu, le tuant. 

Le 12 août, Meraj Ahmed, 61 ans, a été abattu alors qu'il fermait sa boutique à Peshawar. Le 29 juillet, un assaillant présumé de 19 ans a tué Tahir Ahmad Naseem, 57 ans, dans la salle d'audience d’un tribunal qui pourtant était officiellement sous haute sécurité. Naseem était poursuivi pour blasphème. Dans une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, le suspect déclare que Naseem était un « blasphémateur ».

Le code pénal pakistanais interdit aux Ahmadis de déclarer ou de propager leur foi publiquement, de construire des mosquées ou de lancer l'appel musulman à la prière.

« Le Pakistan a approuvé la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies qui exigeait que les États prennent des mesures pour garantir que les membres de minorités religieuses puissent exercer pleinement leurs droits et bénéficier des libertés fondamentales, sans subir de discrimination et selon le principe d’égalité devant la loi », a déclaré Ian Seiderman, directeur juridique et politique de la Commission internationale de juristes. « Toutefois, le gouvernement pakistanais a échoué à prendre de telles mesures à l’égard des Ahmadis. »

Le gouvernement pakistanais emploie lui-même des pratiques discriminatoires à l'encontre des Ahmadis. Par exemple, tous les citoyens musulmans pakistanais qui demandent un passeport sont obligés de signer une déclaration affirmant qu'ils considèrent le fondateur de la communauté ahmadie comme un « imposteur », et les Ahmadis comme des non-musulmans.

Les lois discriminatoires à l’encontre des Ahmadis violent les obligations juridiques internationales du Pakistan en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que ce pays a ratifié en 2010, y compris le droit à la liberté de conscience, de religion, d'expression et d'association, et le droit de pratiquer sa propre religion.

Des experts indépendants du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies -  notamment les Rapporteurs spéciaux sur la liberté de religion, sur les questions relatives aux minorités, et ainsi que sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires - ont exprimé leur inquiétude face à la persécution de la communauté ahmadie au Pakistan.

« Les autorités fédérales et provinciales du Pakistan devraient sans tarder prendre des mesures juridiques et politiques pour éliminer la discrimination généralisée et l’exclusion sociale subies par la communauté ahmadie au Pakistan », a déclaré Patricia Gossman, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « Le gouvernement devrait abroger la loi sur le blasphème, et toutes les dispositions anti-Ahmadis. »

Texte complet en anglais : en ligne ici.

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