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Bangladesh : Protéger les personnes vulnérables pendant la saison de la mousson

Un financement international est nécessaire pour garantir que toute action face à la crise climatique soit inclusive à l’égard des personnes handicapées et des personnes âgées

Mohammad Abdul Gani, un habitant de Bishwanath (district de Sylhet) au Bangladesh, âgé de 75 ans et atteint d’une déficience visuelle, s’est réfugié dans un abri temporaire pendant 15 jours lors des inondations de juin 2022 ; il a décrit cette situation comme un « autre cauchemar », expliquant qu'il n'y avait que 2 toilettes pour 300 personnes. Ne pouvant pas se déplacer de manière autonome, il devait compter sur l’aide de son fils. © 2022 T. Ahmad/Human Rights Watch

(New York, le 19 juin 2023) – Les inondations sans précédent survenues pendant la saison de la mousson dans le nord du Bangladesh en juin 2022 ont causé la perte de vies humaines et de moyens de subsistance, ainsi que des difficultés extrêmes pour les populations à risque dont les droits ont été particulièrement menacés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. À l'approche d’une nouvelle saison des pluies, les autorités bangladaises devraient veiller à protéger les personnes handicapées et les personnes âgées vivant dans des régions exposées au risque d’inondations, en améliorant leur accès aux services d’aides et aux infrastructures.

Les graves inondations survenues dans le nord-est du Bangladesh du 15 au 28 juin 2022 ont tué au moins 141 personnes, selon les données du gouvernement, et laissé des millions de personnes dans une situation de besoin désespéré d'abris et d'aide ; parmi elles se trouvaient des personnes handicapées et/ou âgées, qui sont souvent confrontées à des difficultés disproportionnées pour survivre à des phénomènes météorologiques extrêmes en raison de services inaccessibles, de négligence et d'un manque d'action ciblée pour les aider. Or, les phénomènes météorologiques extrêmes devraient devenir encore plus fréquents et intenses, en raison du au changement climatique.

« Après avoir vu les effets dévastateurs des inondations de l'année dernière, en particulier pour les personnes handicapées et les personnes âgées, les autorités du Bangladesh devraient agir d’urgence pour éviter que cela ne se reproduise », a déclaré Emina Ćerimović, chercheuse senior auprès de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. « Cette dévastation met en lumière le besoin urgent de s’assurer que les réponses aux catastrophes et la planification d'actions climatiques soient inclusives, car le changement climatique ne fait qu’exacerber les inégalités auxquelles les personnes handicapées et les personnes âgées sont déjà confrontées, notamment dans la quête de sécurité lors de situations à risque. »

Entre août et septembre 2022, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 38 survivants des inondations à Sylhet et Sunamaganj, deux districts particulièrement touchés. Entre août 2022 et mai 2023, Human Rights Watch a également mené 24 entretiens vidéo en ligne avec des organisations de défense des droits des personnes handicapées, des experts du changement climatique, des responsables locaux et des agences d'aide.

Human Rights Watch a constaté que les autorités n'avaient pas fourni d'alertes préalables ni d'assistance adéquate en matière d'évacuation, d'hébergement, de soins de santé, de nourriture, d'eau potable, d'assainissement et d'hygiène, en particulier aux personnes âgées et aux personnes handicapées. La plupart des personnes interrogées ont déclaré qu'elles n'avaient reçu aucun soutien du gouvernement pour trouver un lieu sûr, ni pour accéder aux services essentiels comme un logement, des soins de santé et de l'aide alimentaire.

Depuis que le Bangladesh a obtenu son indépendance en 1971, les gouvernements successifs ont mis au point d’importants systèmes de réponse aux catastrophes naturelles et d’atténuation de leurs effets, ce qui a considérablement réduit le nombre de victimes lors des inondations. Le pays s'est engagé à inclure les personnes handicapées et les personnes âgées dans les politiques de réponse aux catastrophes, notamment dans le cadre de son Plan national d'adaptation au changement climatique.

Toutefois, Human Rights Watch a constaté que ces efforts ne se sont pas concrétisés lors des inondations de juin 2022, laissant les personnes âgées et les personnes handicapées sans protection et incapables d'accéder aux services de base, ce qui a mis leur vie en danger. Abdul Kadir, un habitant de Tahirpur dans le district de Sunamganj, âgé de 67 ans, a expliqué qu'il a dû compter sur son fils pour la nourriture et l'eau : « Pendant l'inondation, c'était comme si nous étions en enfer. Mon fils est allé nager ou patauger dans l'eau pour obtenir de l'aide [humanitaire], quand il a entendu des nouvelles à ce sujet. »

On ne dispose pas de données officielles sur les décès de personnes âgées et de personnes handicapées, liés aux inondations, mais les personnes interrogées ont déclaré qu'au moins une personne âgée et cinq personnes handicapées, dont deux enfants, sont mortes dans le district de Sunamganj à cause des inondations ou à la suite de celles-ci. Taslima Begum, une femme de 20 ans atteinte d'une déficience intellectuelle, est décédée à Bishwambarpur, dans ce district, le 27 juin 2022, dix jours après être tombée dans une fosse inondée près d’une latrine extérieure.

Le gouvernement du Bangladesh devrait s'acquitter d’urgence de ses obligations en matière de droits humains pour répondre aux dommages prévisibles du changement climatique et assurer la protection des personnes handicapées, des personnes âgées et des autres groupes à risque, notamment en appliquant ses politiques existantes.

Les gouvernements de pays historiquement responsables du changement climatique devraient aider les pays particulièrement exposés aux risques climatiques, comme le Bangladesh, à faire face aux phénomènes météorologiques extrêmes ; ils devraient notamment investir dans les réponses immédiates aux catastrophes et renforcer les mesures d’adaptation au changement climatique, y compris l’élimination progressive du recours aux combustibles fossiles qui alimentent cette crise, a déclaré Human Rights Watch.

En vertu de l’article 32 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, les États parties doivent veiller à ce que toute coopération internationale, y compris les programmes de développement international, soit inclusive et accessible aux personnes handicapées. La Convention – notamment dans son article 11 sur la protection et la sécurité des personnes en cas de catastrophe naturelle – reconnaît expressément que les initiatives de coopération internationale doivent soutenir les efforts nationaux visant à mettre en œuvre efficacement les obligations des États parties.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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