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Hausse alarmante des attaques contre l’éducation dans le monde

La guerre en Ukraine et d'autres conflits majeurs ont causé une grande partie de cette augmentation

La cour de récréation abandonnée d’une école détruite à Kharkiv, en Ukraine, photographiée le 17 août 2022. © UNICEF/UN0689537/Gilbertson - Highway Child
Communiqué de la Coalition mondiale pour protéger l'éducation contre les attaques (GCPEA), organisation partenaire de Human Rights Watch.

(New York) – Plus de 3 000 attaques contre l’éducation ont été recensées en 2022, soit une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente, a indiqué aujourd’hui la Coalition mondiale pour protéger l’éducation contre les attaques (Global Coalition to Protect Education from Attack, GCPEA). Ces données ont été publiées à l’avant-veille de la quatrième Journée internationale des Nations Unies pour la protection de l'éducation contre les attaques, prévue le 9 septembre 2023. Près d'un tiers de toutes les attaques ont eu lieu dans seulement trois pays : l'Ukraine, où la guerre a induit la majorité des incidents, le Myanmar et le Burkina Faso.

Selon la GCPEA, plus de 6 700 élèves et enseignants auraient été tués, blessés, enlevés, arrêtés ou autrement affectés par des attaques contre l'éducation en 2022, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021. Les forces armées et les groupes armés non étatiques ont également accru leur utilisation d’écoles à des fins militaires en 2022, avec plus de 510 cas signalés, contre environ 450 l'année précédente. Des armes explosives, employées de manière ciblée ou indiscriminée selon les cas, ont été fréquemment utilisées lors d'attaques contre l'éducation, causant des dégâts considérables. Les munitions non explosées continueront de représenter un risque mortel dans les années à venir.

« La Journée internationale pour protéger l'éducation contre les attaques nous rappelle cruellement que les écoles ne sont pas toujours les refuges sûrs qu'elles devraient être, mais qu'elles sont souvent le théâtre d'une violence et d'une terreur extrêmes », a déclaré Diya Nijhowne, Directrice exécutive de la GCPEA. « L'augmentation inquiétante des attaques l'année dernière souligne la nécessité urgente pour les forces armées et les groupes armés non étatiques de protéger l'éducation, notamment en évitant d'utiliser des armes explosives ayant des effets à grande échelle dans les zones peuplées, comme à proximité des écoles ou des universités, et en s'abstenant d’utiliser les écoles à des fins militaires. »

La coalition a également publié un nouveau rapport de 39 pages (en anglais), intitulé Non-State Armed Groups and Attacks on Education: Exploring Trends and Practices to Curb Violations (« Groupes armés non étatiques et attaques contre l’éducation : Examen des tendances et des pratiques pour lutter contre les violations ») ; ce rapport révèle qu'en 2020 et 2021, plus de la moitié de toutes les attaques contre l'éducation et un quart des utilisations militaires signalées d'écoles et d'universités étaient le fait de groupes armés non étatiques. Le rapport évoque les diverses motivations incitant ces groupes à attaquer des écoles et des enseignants, et recommande des stratégies visant à endiguer ces attaques. En 2022 et 2023, des groupes armés non étatiques ont continué à être responsables d’un grand nombre de toutes les attaques. Pour ne citer qu’un exemple, Al-Chabab, un groupe insurgé en Somalie, a revendiqué la responsabilité d’un attentat à la voiture piégée en octobre 2022 contre le ministère de l'Éducation qui a tué au moins 121 civils et en a blessé des centaines d'autres.

La Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui exprime un engagement politique visant à protéger les élèves, les enseignants, les écoles et les universités dans les conflits armés, a été approuvée par 118 pays ; elle joue un rôle essentiel dans la prévention et l’atténuation de l’impact des attaques contre l’éducation. En approuvant la Déclaration, les gouvernements s'engagent également à utiliser les Lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés.

L'utilisation d’écoles comme bases, positions de tir, centres de détention, terrains d'entraînement et à d'autres fins militaires, risque de les transformer en cibles militaires, mettant ainsi en danger la vie des personnes qui y sont présentes ; ceci dissuade aussi les élèves et les enseignants de fréquenter ces écoles en raison de la crainte ressentie, ou simplement parce que les écoles sont fermées à l'enseignement. Les élèves qui continuent d’y aller sont vulnérables, face au risque de violences sexuelles et de recrutement par des militaires. Les infrastructures scolaires et le matériel pédagogique y sont aussi souvent endommagés, affectant la qualité de l'éducation et rendant parfois l'apprentissage impossible.

Depuis 2015, année du lancement de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, plus d’une dizaine de gouvernements ont apporté des modifications à leurs politiques, pratiques ou manuels militaires nationaux, en vue de limiter l'utilisation des écoles à des fins militaires. Des groupes armés non étatiques ont également pris des mesures pour sauvegarder l’éducation. En octobre 2022, plusieurs groupes opérant au Burkina Faso ont signé des déclarations unilatérales s’engageant à protéger les établissements d’enseignement. Au Yémen, les Houthis, qui contrôlent la capitale et d'autres régions du pays, ont signé un plan d’action en 2022 pour mettre fin aux attaques contre les écoles ainsi qu'à d'autres violations graves contre les enfants.

« Malgré les statistiques effrayantes sur les attaques contre l’éducation et les pertes de vies humaines, et le potentiel que ces chiffres représentent, il reste encore beaucoup d’espoir », a conclu Diya Nijhowne. « La Déclaration sur la sécurité dans les écoles et ses Lignes directrices sur l’utilisation militaire des écoles fournissent une feuille de route pour préserver la vie et l’avenir des élèves et des enseignants, ainsi que des communautés qu’ils bâtissent. En cette Journée internationale pour protéger l’éducation contre les attaques, tous les pays devraient approuver la Déclaration et mettre ses engagements en action. »

Au sujet de la GCPEA
La Coalition mondiale pour protéger l'éducation contre les attaques (GCPEA) est une coalition d'agences des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales travaillant dans les domaines de l'éducation en situation d'urgence, de la protection et de l'enseignement supérieur. La GCPEA est reconnaissante du soutien qu'elle reçoit de la Fondation Education Above All (EAA), de Education Cannot Wait (ECW), du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), du ministère norvégien des Affaires étrangères et d’un donateur anonyme.

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