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Bangladesh : Répression violente et autocratique à l’approche des élections

Les partenaires diplomatiques devraient exprimer leur inquiétude à Dacca et dans leurs propres capitales

 

Des policiers bangladais affrontaient des partisans du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal parti d’opposition dans ce pays, lors d’une manifestation à Dhaka, en faveur d’élections équitables, le 28 octobre 2023. © 2023 Anik Rahman/AP Photo
  • Les autorités du Bangladesh ciblent les dirigeants et partisans de l'opposition à l'approche des élections générales prévues le 7 janvier 2024.
  • Lors de ses discussions avec ses partenaires diplomatiques, le gouvernement prétend s'engager en faveur d'élections libres et équitables, tandis que simultanément les autorités de l'État remplissent les prisons de membres de l'opposition politique.
  • La Première ministre devrait appeler à la fin immédiate des arrestations politiques et illégales, et les partenaires diplomatiques devraient indiquer clairement que la répression risque de compromettre la coopération économique..

(Bangkok) – Les autorités du Bangladesh ciblent les dirigeants et partisans de l'opposition à l'approche des élections générales prévues le 7 janvier 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les autorités devraient enquêter de manière impartiale sur tous les cas de violence, y compris les cas dans lesquels chaque partie rejette la faute sur l'autre.

Près de 10 000 partisans de l'opposition auraient été arrêtés depuis la tenue, le 28 octobre, d’un rassemblement organisé par le Parti nationaliste du Bangladesh (Bangladesh Nationalist Party, BNP), principal parti d'opposition. Au moins 16 personnes, dont deux policiers, ont été tuées au cours des violences. Plus de 5 500 personnes ont été blessées.

« Lors de ses discussions avec ses partenaires diplomatiques, le gouvernement bangladais souligne son engagement en faveur d’élections libres et équitables, alors même que les autorités remplissent simultanément les prisons d'opposants politiques à la Ligue Awami, parti au pouvoir », a déclaré Julia Bleckner, chercheuse senior auprès de la division Asie à Human Rights Watch. « Les partenaires diplomatiques du Bangladesh devraient faire comprendre clairement au gouvernement que cette répression autocratique risque de compromettre toute future coopération économique. »

Sur la base d'entretiens avec 13 témoins ainsi que d'analyses de vidéos et de rapports de police, Human Rights Watch a recueilli des preuves indiquant que les forces de sécurité ont commis divers abus – recours excessif à la force, arrestations arbitraires massives, disparitions forcées, actes de torture et exécutions extrajudiciaires – lors de la récente vague de violences préélectorales.

À la suite des violences du 28 octobre, le BNP a appelé à une grève générale du 31 octobre au 2 novembre, pendant et après laquelle des affrontements ont éclaté entre la police, des membres de l'opposition et des partisans du parti au pouvoir. Même si des violences ont eu lieu de toutes parts, la police a parfois eu recours à une force excessive pour répondre aux manifestations.

Les autorités du Bangladesh ont accusé l'opposition de « créer le chaos », et ont entrave l’accès au siège du parti BNP, traité comme un lieu de crime.

De hauts dirigeants du gouvernement, dont la Première ministre Sheikh Hasina, ont alimenté la violence en faisant des déclarations publiques encourageant les attaques contre les manifestants de l'opposition. Le 3 novembre, elle a déclaré aux partisans de son parti, la Ligue Awami, que s’ils surprenaient quelqu’un en train de commettre un incendie criminel, il faudrait « [le] jeter dans le même feu. La main qui met le feu à quoi que ce soit devra être brûlée… Il faut rendre coup pour coup. Si ainsi qu’ils en tireraient des leçons. »

Une vidéo enregistrée par un journaliste le 4 novembre à Dhaka montrait des militants de la Ligue Awami armés de matraques en bois et marchant derrière des policiers en tenue anti-émeute. Ils scandaient des slogans tels que « Capturez les militants du BNP un par un et massacrez-les » et « Voyous du BNP, ne pensez même pas à descendre dans la rue, nous vous battrons comme plâtre ! »

Les autorités du Bangladesh procèdent à des arrestations massives d'opposants politiques dans le but évident d'écraser l'opposition et d'éliminer la concurrence à l'approche des élections générales. Le BNP estime qu’environ la moitié de ses cinq millions de membres font actuellement l'objet de poursuites pour des raisons politiques. « Les arrestations n’épargnent personne, cela va des échelons supérieurs jusqu'au niveau le plus bas », a déclaré un militant à Human Rights Watch.

Un porte-parole d'un autre groupe d'opposition, le Parti Amar Bangladesh, a déclaré à Human Rights Watch que nombre de ses partisans se cachent « en raison des descentes de police nocturnes » et que les conditions de détention sont « insupportables en raison du niveau de surpopulation carcérale sans précédent ». Le taux d’occupation des prisons du Bangladesh est actuellement plus du double de leur capacité normale. Néanmoins, en réponse aux inquiétudes suscitées par la récente augmentation des détentions, le ministre de l'Intérieur Asaduzzaman Khan a déclaré à un média : « Nous sommes en mesure de détenir 90 000 personnes, même si nos prisons sont conçues pour 42 000 détenus. Nous n’avons donc pas besoin d’augmenter la capacité des prisons pour le moment. »

Les gouvernements étrangers devraient insister pour que les autorités respectent leurs obligations internationales en matière de respect des droits humains. Le Bangladesh est le principal bénéficiaire du programme commercial « Tout sauf les armes » de l’Union européenne, et le gouvernement bangladais a exprimé son intention de postuler au Système des préférences généralisées (SPG) de l’UE, qui réduirait les droits de douane sur les principales exportations du pays, notamment les vêtements. Les abus du gouvernement remettent en question son éligibilité à ces programmes, qui sont tous conditionnés à certaines normes en matière de droits humains et de droits du travail. Le Parlement européen a récemment fait part de ses inquiétudes, tout comme des responsables de l’UE lors d’une récente visite dans le pays.

Texte complet en anglais en ligne ici.

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