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Macron devrait dénoncer la répression des droits humains de Modi lors de sa visite en Inde

La consolidation des liens entre la France et l'Inde devrait favoriser la tenue de discussions difficiles, et non les éluder.

Le Premier ministre indien Narendra Modi (G) et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion au ministère des Affaires étrangères à Paris, le 14 juillet 2023. © 2023 Blondet Eliot/Sipa via AP Photo

Le président français Emmanuel Macron sera l'invité d'honneur des célébrations du Jour de la République en Inde le 26 janvier. Les deux pays entretiennent des liens en matière de défense, et des avions de combat Rafale construits par la France seront présents au défilé. Ces mêmes avions, qui font désormais partie de l'armée de l'air indienne, ont également effectué un survol lors du défilé de la fête nationale française du 14 juillet, dont le Premier ministre Narendra Modi était l'invité d'honneur en 2023.

Ces invitations mutuelles aux défilés militaires nationaux ne se sont pas accompagnées de déclarations portant sur les droits humains, les deux dirigeants préférant se concentrer sur les partenariats commerciaux et stratégiques entre les deux pays.

Le bilan de Macron en matière de droits humains en France est critiquable, en particulier à l'heure où un projet de loi très problématique sur l’immigration est proche de la promulgation. Pour autant, le Président français ne devrait pas ignorer la terrifiante répression des minorités religieuses, des médias indépendants, des opposants politiques et des organisations de défense des droits humains qui a lieu actuellement en Inde.

Alors que les rhétoriques populistes et la désinformation progressent en Asie et dans le monde, un leadership indien qui soit responsable et qui rende des comptes sur les questions de droits humains est désespérément nécessaire. Modi a fait la promotion active de l'Inde comme la plus grande démocratie du monde sur la scène internationale. Or, rendre des comptes est un pilier essentiel de la démocratie. Pourtant, le Premier ministre indien n’a cessé d’ignorer les critiques légitimes portant sur ses politiques répressives. Macron, qui souhaite établir un partenariat fructueux avec l'Inde, devrait veiller à ce que tout accord ne mette pas davantage en péril les droits des citoyens indiens.

Le Parlement européen a récemment adopté une résolution sur l'Inde qui condamne « les actes de violence, la rhétorique nationaliste croissante et les politiques de division » sous le gouvernement Modi. Cette résolution s'oppose fermement aux « discours de haine qui incitent à la discrimination ou à la violence à l’encontre des minorités religieuses, quelles qu’elles soient, notamment les musulmans et les chrétiens », et exprime de vives inquiétudes concernant des lois injustes telles que la loi amendée sur la citoyenneté. Elle exhorte également les autorités indiennes à « libérer tous les prisonniers politiques », à mettre fin aux restrictions générales sur l'accès à Internet et à protéger la société civile des effets néfastes de législations telles que la loi relative à la réglementation des contributions étrangères et la loi relative à la prévention des activités illégales (Foreign Contribution Regulation Act and the Unlawful Activities (Prevention) Act). 

Si les alliés et les partenaires stratégiques de l'Inde, comme la France, ne font pas clairement comprendre au gouvernement de Modi que les violations des droits auront des conséquences sur les relations bilatérales de l’Inde et sur son rôle sur la scène internationale, la répression et l'autoritarisme ne cesseront de croître en Inde.

Macron et Modi devraient veiller à ce que la démocratie et les droits humains soient les pierres angulaires de cette relation florissante.

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