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Guinée équatoriale : Deux militantes de la sociétée civile de premier plan détenus arbitrairement

Deux activistes détenus arbitrairement

(Nairobi, 21 avril 2017) – Les autorités équato-guinéennes devraient immédiatement libérer deux personnalités de la société civile qui dirigent la principale organisation de défense des droits de l'homme du pays, ont déclaré sept organisations des droits de l'homme et sur la transparence  aujourd'hui.

La police a arrêté Enrique Asumu et Alfredo Okenve qui dirigent le Centre d'études et d'initiatives pour le développement (CEID), le 17 avril 2017, et violé la période de 72 heures de détention d’individus sans inculpation autorisée par la loi équato-guinéenne.

« Les autorités ont une longue histoire de harcèlement, de détention arbitraire et d'interférence avec le travail des défenseurs des droits humains en Guinée équatoriale », a déclaré Tutu Alicante, Directeur exécutif d’EG Justice, une organisation qui observe les cas de violations des droits de l'homme en Guinée équatoriale. « Ce dernier incident montre la volonté des autorités de passer outre les lois en matière de procédure judiciaire du pays pour intimider et étouffer les voix critiques ».

Alfredo Okenve était intervenant à la Convention internationale contre la corruption en décembre 2016 au Panama

Les organisations qui s'inquiètent de la détention des deux militants sont Human Rights Watch, EG Justice, Publiez ce que vous payez, Transparency International, la Coalition de la CNUCC, la Conférence internationale contre la corruption et Amnesty International.

Asumu est le Président, et Okenve est le vice-président, du CEID. Le 16 avril, les autorités ont empêché Asumu d'embarquer dans un vol au départ de la capitale, Malabo, à destination de la ville de Bata, dans la partie continentale du pays, indiquant qu'ils agissaient sur ordre du ministre de la sécurité nationale, a déclaré un collègue d'Asumu qui était présent et l’avocat d’Asumu.

Le lendemain, Asumu et Okenye ont été entendus dans les bureaux du ministère, qui se trouvent dans le même bâtiment que le poste de police central de Malabo. Le ministre de la sécurité nationale a interrogé les deux hommes dans son bureau pendant plus de cinq heures, selon deux collègues qui les accompagnaient et attendaient à l'extérieur. Une fois la réunion terminée, vers 18 heures, les autorités ont empêché Asumu et Okenve de quitter le bâtiment où ils se trouvent toujours détenus.

La police a permis aux collègues des deux hommes ainsi qu'aux membres de leur famille, de leur rendre visite et les détenus ont eu accès à leurs avocats. Mais les autorités n’ont pas présenté  les militants devant un juge, comme la loi l’exige dans les 24 heures. Les autorités n’ont pas non plus prononcé d’accusation formelle contre eux, ce qui, en vertu de la loi en Guinée Équatoriale, doit avoir lieu dans les 72 heures.

Le ministère de l'Intérieur a ordonné à CEID de suspendre ses activités indéfiniment en mars 2016. Des collègues qui ont parlé avec Asumu et Okenve ont déclaré que les autorités avaient menacé de leur infliger une amende de 10 millions de francs CFA (16 000 dollars) pour avoir violé cette ordonnance.

Le ministère avait émis l'ordre de suspension après avoir interdit la poursuite d’une réunion de jeunes car la séance d'ouverture de cette réunion comprenait des déclarations de participants qui constituaient une incitation à la violence, une accusation que CEID considère comme fausse et motivée politiquement. L'organisation a fait appel de l'ordonnance de suspension, mais n'a reçu aucune réponse, a déclaré un représentant de l'organisation.

L'organisation a annoncé qu'elle avait repris ses activités en septembre 2016. Un représentant de l'organisation a expliqué que la suspension de ses opérations en avril 2016 ne pouvait être maintenue que trois mois. Depuis, le CEID a organisé des activités auxquelles ont participé des représentants de différents ministères.

Le gouvernement de la Guinée équatoriale voudrait adhérer à l'Initiative pour la transparence les industries extractives (ITIE), un effort qui regroupe les gouvernements, les entreprises et les groupes non gouvernementaux pour encourager une meilleure gouvernance dans les pays riches en ressources, en favorisant un débat public ouvert sur l'utilisation du pétrole, du gaz et des revenus miniers. L'ITIE exige que les gouvernements membres favorisent « un environnement propice à la participation de la société civile » et de « s’abstenir de prendre des mesures qui conduiraient à limiter ou restreindre le débat public à propos de la mise en œuvre de l’ITIE ».

La Guinée équatoriale a été marquée par des scandales exacerbés par la manque de transparence associée aux ressources naturelles. La suspension de la organisation de la société civile de premier plan qui promeuve la transparence et le respect des droits humains, et la détention de ses dirigeants, risquent d'avoir un effet néfaste sur la manière dont est perçue la volonté du gouvernement de s'engager contre la corruption.

« Ces arrestations font des promesses de respect de la société civile faites par le gouvernement dans sa tentative de rejoindre l'ITIE des mots vides » a déclaré Elisa Peter, la Directrice exécutive de Publiez ce que vous Payez. « Elles menacent de bloquer la candidature ITIE du pays et d'envoyer un message selon lequel le gouvernement ne tolérera pas les voix indépendantes ».

Lorsque le CEID avait repris ses activités en septembre 2016, il avait de nouveau assumé son rôle en tant que membre du groupe multipartite national qui rassemble les fonctionnaires gouvernementaux, les compagnies pétrolières et la société civile, et dont la constitution est une première étape dans la demande d'adhésion à l'ITIE. Le groupe multipartite s'est réuni pour la dernière fois le 12 avril et le ministre des mines a assisté à un événement organisé par le groupe de défense des droits de l'homme le 14 avril pour célébrer son vingtième anniversaire.

« Le gouvernement travaille avec CEID quand il veut faire semblant de respecter la société civile, mais il use de cet ordre de suspension comme d’une épée de Damoclès », a déclaré Sarah Saadoun, Chercheuse sur les affaires et les droits de l'homme de Human Rights Watch. « En harcelant deux des défenseurs des droits humains les plus respectés du pays, le gouvernement semble essayer de faire taire la société civile à un moment où la colère contre la crise économique profonde dans le pays gronde ».

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