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(New York, le 1er mai 2017) - De nouvelles preuves étayent la conclusion selon laquelle les forces du gouvernement syrien ont utilisé des agents neurotoxiques au moins quatre fois au cours des derniers mois : lors d’une attaque chimique menée le 4 avril 2017 contre la ville de Khan Cheikhoun et qui a tué au moins 90 personnes, et lors de trois autres attaques menées en décembre 2016 et mars 201, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.

Ces attaques s’inscrivent dans une tendance plus généralisée de recours à des armes chimiques par les forces gouvernementales syriennes. Ces attaques ont été menées de manière généralisée et systématique, et dans certains cas ont été dirigées contre la population civile. Ces deux critères signifient, selon les normes juridiques internationales, qu’il pourrait s’agir de crimes contre l'humanité. Le rapport de 48 pages, intitulé « Death by Chemicals: The Syrian Government’s Widespread and Systematic Use of Chemical Weapons » (« Attaques chimiques meurtrières : Utilisation  généralisée et systématique d’armes chimiques par le  gouvernement syrien »), identifie trois systèmes différents utilisés pour délivrer des armes chimiques :

  • Des avions de guerre du gouvernement semblent avoir largué des bombes munies d’agents neurotoxiques à au moins quatre reprises depuis le 12 décembre 2016 ;
  • Des hélicoptères du gouvernement ont largué des bombes remplies de chlore, de manière plus systématique ;
  • Des forces terrestres gouvernementales ou pro-gouvernementales ont commencé à recourir au lancement de roquettes improvisées remplies de chlore.  

Dans au moins certaines attaques, l'intention semble avoir été d'infliger de graves souffrances à la population civile.

« La récente utilisation d’agents neurotoxiques par le gouvernement représente une escalade meurtrière de ce type d’attaques et s’inscrit dans un schéma clair », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Au cours des six derniers mois, le gouvernement a utilisé des avions de guerre, des hélicoptères et des forces terrestres lors d’attaques au chlore et au sarin à Damas, à Hama, à Idlib et à Alep. Il s’agit d’une utilisation généralisée et systématique d'armes chimiques. ».
 

Attaques chimiques commises en Syrie depuis novembre 2016, documentées par HRW. Attaques menées par des avions de guerre du gouvernement syrien larguant des agents neurotoxiques (cercles rouges), par des hélicoptères larguant du chlore (cercles bleus), par des forces terrestres lançant des roquettes remplies de chlore (cercles verts), et par d’autres moyens (cercles blancs).

© 2017 Human Rights Watch

 

Des photos et vidéos de fragments d’une munition retrouvée à Khan Cheikhoun suite à l’attaque du 4 avril semblent exhiber les caractéristiques d'une bombe chimique de fabrication soviétique spécialement conçue pour larguer du sarin.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait immédiatement adopter une résolution exigeant que toutes les parties au conflit en Syrie coopèrent pleinement avec les enquêteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le Conseil devrait aussi imposer des sanctions à l’encontre de tout individu qui serait responsable, selon les enquêteurs de l'ONU, de telles attaques chimiques en Syrie.

CRATÈRE D’IMPACT suite à l’attaque menée à Khan Sheikhoun, en Syrie, le 4 avril 2017. Fragments de munitions semblables à des bombes chimiques conçues pour larguer du sarin. © 2017 Human Rights Watch

 

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 60 personnes ayant une connaissance directe des attaques chimiques et de leurs conséquences, et a examiné des dizaines de photos et de vidéos enregistrées sur les lieux des attaques, sans toutefois avoir pu mener d’enquête sur place.

La Convention sur l’interdiction des armes chimiques, entrée en vigueur en 1997, interdit le développement, la production, le stockage et l'utilisation d'armes chimiques, et exige leur destruction. La Convention interdit également l’utilisation à des fins militaires de produits chimiques toxiques comme le chlore. La Syrie est devenue un État partie à la Convention en octobre 2013.



En vertu du droit international, un crime contre l'humanité est défini comme une « attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile », ce qui signifie qu'il existe un certain degré de planification ou de politique pour commettre le crime. Parmi de tels actes figurent le meurtre et d’autres « actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale ».

La Russie et la Chine devraient cesser d'utiliser leur pouvoir de veto au Conseil de sécurité pour bloquer les résolutions visant la responsabilisation pour les crimes graves commis en Syrie, et devraient soutenir la saisine de la Cour pénale internationale de la situation en Syrie.

Communiqué intégral en anglais, avec davantage d’informations :
www.hrw.org/news/2017/05/01/syria-new-evidence-shows-pattern-nerve-agent-use
 

Rectifications (20.10.17) :

Le rapport, le communiqué de presse et un graphique ont été rectifiés afin de refléter les modifications suivantes :

  1. Human Rights Watch a identifié des fragments de bombe recueillis dans le cratère d'impact résultant de l'attaque comme étant compatibles avec une charge chimique de fabrication soviétique de 250 kilos. Nous avons décrit cette charge comme étant très probablement une « KhAB-250 », abréviation de l'expression russe couramment utilisée Khimicheskaya Aviatsionnaya Bomba, ou « bombe chimique larguée par avion. » Toutefois, la nomenclature officielle pour cette catégorie d'arme n'est pas cohérente et nous avons retiré le terme « KhAB-250 » du rapport et du communiqué de presse afin d'éviter les confusions. Nous avons également mis à jour le rapport pour refléter le fait que l'Union soviétique produisait plusieurs types de munitions chimiques, et non pas seulement deux types comme nous l'avons dit initialement. Une nouvelle annexe présente plus en détail les informations disponibles sur les bombes au gaz sarin produites par l'Union soviétique.
  2. Dans la version originale de ce rapport, la taille du cratère créé par l'impact de la bombe sur la route à Khan Sheikhoun, telle qu'elle a été mesurée par Forensic Architecture, était indiquée de manière erronée comme étant 1,62 centimètres de diamètre et 0,42 centimètres de profondeur. L'unité de mesure a été corrigée, s'agissant de mètres et non pas de centimètres.
  3. Des membres de la famille al-Youssef et d'autres sources ont fourni à Human Rights Watch les noms de 25 personnes de cette famille qu'elles croyaient mortes. Or deux des personnes figurant sur cette liste ont été blessées mais ont survécu, ce qui porte le nombre des morts à 90, et non pas 92.

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À lire aussi :

Radio-Canada.ca (AP)    Metro    BFMTV.com

LaPresse.ca / AFP    SudOuest   RTBF.be   RFI.fr

LAvenir.net      Le Point 5/5/17

 

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