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La course à l’élection au Conseil des droits de l’homme de l’ONU n’en est en fait pas vraiment une

La France se retire, laissant le champ libre

Les délégués arrivent à la 34ème session de Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, en Suisse, le 27 Février 2017. © 2017 Reuters

Le gouvernement français a décidé de se retirer de la course à l’élection au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH) pour s’épargner l’embarras d’un échec public. À moins qu’un autre pays ne se présente, l’Espagne et l’Australie sont ainsi assurées de remporter, lors du vote qui se tiendra à l’automne, un siège au sein du plus important organe de droits humains des Nations Unies. Un euphémisme est utilisé pour désigner cette pratique visant à éviter aux pays candidats de se retrouver en queue de peloton de leur groupe régional : on parle de « clean slate », ou de « liste optimale », lorsque le nombre de candidats est égal au nombre de sièges dont dispose un groupe électoral. Mais il n’y a rien d’optimal à cela.

La crédibilité du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies dépend de la tenue de vraies élections, mettant en jeu une réelle émulation. Un siège au Conseil doit se gagner, non être offert aux gouvernements comme un cadeau suite à des négociations de couloir.

Les États membres de l’ONU ne peuvent pas réellement sélectionner les pays pouvant siéger au plus haut organe de droits humains s’ils doivent élire les candidats par défaut. C’est pour cette raison que la France, l’Espagne, l’Australie, et 45 autre pays, ont promis en juin qu’ils « s’efforceraient de faire en sorte que les élections au CDH soient compétitives, en particulier en encourageant chaque groupe régional à présenter plus de candidats que de sièges ». En se retirant quelques semaines plus tard, la France renonce à son engagement et réduit la compétition au sein du groupe des États d’Europe de l’Ouest à un fait accompli. L’Espagne et l’Australie peuvent encore préserver la crédibilité de l’élection en invitant d’autres candidats à s’y présenter.

L’élection de l’an passé a démontré l’importance des élections compétitives. La Russie a perdu son siège à deux votes près, au profit de la Croatie. En revanche, malgré de graves questions quant à la compatibilité de pays comme l’Arabie saoudite et l’Égypte avec la principale instance onusienne de droits humains, tous deux ont gagné à l’issue d’élections sans concurrence – mais avec le nombre de votes le moins élevé de leur région.

Cette année, le Groupe africain a désigné le nombre exact de candidats pour pourvoir les sièges vacants. La République démocratique du Congo semble être l’un des pays certains de remporter un siège. Au cours de l’année écoulée, plus de 40 fosses communes ont été découvertes dans ce pays, de nombreux manifestants pacifiques sont toujours en détention, et deux experts de l’ONU ont été tués de sang-froid alors qu’ils cherchaient à mettre en lumière les violations des droits humains. Un siège pour le gouvernement de la RDC donnerait donc un sérieux coup à la crédibilité du Conseil.

Mais ceux qui critiquent le Groupe africain pour présenter la candidature de la RDC sans opposition risquent de paraître hypocrites. L’Amérique latine, l’Europe de l’Est, et maintenant l’Europe de l’Ouest, font de même en proposant des « listes optimales » pour leurs régions. La France ne veut sans doute pas montrer de signes de faiblesse sur la scène internationale, mais son retrait montre en réalité son faible engagement en faveur d’élections compétitives aux Nations Unies.

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