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Massacre de Kiwanja en RD Congo : Dix ans plus tard, toujours pas de justice

Les commandants à l’origine des tueries n’ont jamais eu à rendre compte de leurs actes

Bosco Ntaganda à Goma, RD Congo, le 5 octobre 2010. © 2010 Reuters

Les 4 et 5 novembre 2008, les forces rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ont tué environ 150 personnes, dont 14 enfants, dans la ville de Kiwanja, dans l’est de la République démocratique du Congo. Cet événement a constitué l’un des pires massacres qu’ait connus la région cette dernière décennie.

Human Rights Watch s’est rendue à Kiwanja dans les jours qui ont suivi le massacre. Des survivants nous ont expliqué que des combattants du CNDP soutenus par le Rwanda les avaient contraints à ouvrir leur porte, leur avaient réclamé de l’argent et des téléphones portables puis avaient tiré sur les hommes et les garçons qui se trouvaient à l’intérieur ou leur avaient donné des coups de machette, de lance ou de gourdin, faisant parmi eux de nombreux morts. Ils les avaient massacrés en présence de leur famille, chez eux, devant leur domicile, ou dans une rue non loin. Certaines femmes avaient été tuées, notamment celles qui avaient essayé de protéger des membres de leur famille. Bosco Ntaganda, le chef d’état-major militaire du CNDP, se trouvait à Kiwanja au moment des faits, d’après une vidéo filmée par des journalistes étrangers.

À l’issue d’un accord de paix négocié entre la RD Congo, le Rwanda et le CNDP début 2009, Ntaganda et d’autres hauts commandants du CNDP ont été intégrés dans l’armée congolaise et se sont vu confier des postes importants. Ntaganda est lui-même devenu commandant par intérim de l’armée congolaise en charge des opérations militaires dans l’est de la RD Congo, et ce, alors que lui et les troupes placées sous ses ordres ont commis des atrocités généralisées, y compris lorsque, par la suite, en 2012, il a pris la tête d’une autre rébellion soutenue par le Rwanda.

Ayant perdu l’appui du Rwanda et craignant apparemment pour sa vie, Ntaganda s’est rendu en 2013 et a été transféré devant la Cour pénale internationale, où il fait face à des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité qu’il aurait commis en Ituri, province située dans le nord-est de la RD Congo, en 2002 et 2003, où Ntaganda avait pris part à une autre rébellion soutenue par le Rwanda. Son procès s’est achevé il y a quelques mois et le jugement est attendu pour 2019.

Pourtant, Ntaganda et d’autres commandants du CNDP n’ont jamais eu à rendre compte du massacre de Kiwanja ou d’autres crimes commis pendant la rébellion du CNDP. Dix ans plus tard, les survivants et les membres des familles des victimes attendent toujours que justice soit faite.

Ces dernières années, des jeunes activistes et des militants congolais œuvrant pour la défense des droits humains sont descendus dans la rue et ont pris des risques énormes pour réclamer la mise en place de changements majeurs en RD Congo. Ils souhaitent ainsi mettre un terme à ce système qui récompense les auteurs d’exactions graves au lieu d’exiger qu’ils rendent compte de leurs actes – un système qui alimente le cycle de violence et provoque des souffrances indicibles dans une impunité quasi totale.

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