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Colombie : Des commandants de l'armée seraient impliqués dans des meurtres

La promotion de ces officiers envoie un message pernicieux aux troupes et insulte la mémoire des victimes

(Washington, le 27 février 2019) - Le gouvernement colombien a nommé au moins neuf officiers à des postes clés de l'armée, bien qu’il y ait des allégations crédibles de leur implication dans des exécutions extrajudiciaires et d'autres abus, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch aujourd’hui. Au moins trois officiers font l’objet d’une enquête, et les six autres officiers commandaient des forces suspectées d’avoir commis des meurtres sur lesquelles des procureurs enquêtent actuellement.

Le 10 décembre 2018, le gouvernement du président Iván Duque a nommé le général Nicacio de Jesús Martínez Espinel au poste de commandant de l’armée nationale. Le 21 décembre, le général Martínez Espinel, dans ses nouvelles fonctions, ainsi que le ministre de la Défense Guillermo Botero ont conjointement nommé d'autres commandants à des postes clés au sein de l'armée. Or, Human Rights Watch a rassemblé des informations selon lesquelles le général Martínez Espinel et huit officiers récemment promus sont suspectés d’avoir été impliqués dans des exécutions dans le cadre de l’affaire des « faux positifs », e dans d'autres exactions. De 2002 à 2008, dans des incidents par la suite surnommés « faux positifs », des membres de l’armée ont systématiquement tué des civils innocents – faussement accusés d’être des guérilléros – afin de gonfler artificiellement les statistiques quant au nombre de combattants ennemis tués lors du conflit armé subi par le pays depuis plusieurs années.

« Le gouvernement colombien devrait enquêter sur ces officiers suspectés de manière crédible d’avoir été impliqués dans des exécutions extrajudiciaires, au lieu de les nommer aux plus hauts postes de commandement de l’armée », a déclaré José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques de Human Rights Watch. « À travers ces promotions, le gouvernement transmet aux troupes le message troublant que commettre des abus ne constitue nullement un obstacle à l’avancement professionnel au sein de l’armée. »

Les recherches de Human Rights Watch ont montré que les caractéristiques des cas « faux positifs » -  notamment leur aspect systématique et les circonstances souvent peu crédibles de rapports concernant des combattants ennemis tués – permettent de penser que les commandants d'unités responsables de plusieurs meurtres en étaient informés ou auraient dû l’être. En vertu du droit international, les commandants ne sont pas seulement responsables de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité qu'ils auraient eux-mêmes commis ou ordonnés directement. Ils peuvent aussi être tenus pénalement responsables de crimes commis par des troupes sous leur commandement, s'ils savaient ou avaient des raisons de savoir que ces subordonnés commettaient de tels crimes et n'avaient « pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables » pour les empêcher ou sanctionner.

Les neuf officiers récemment promus – tout en étant visés par des allégations crédibles d’implication dans des abus – sont  les suivants : le général Nicacio de Jesús Martínez Espinel, chef de l'armée ; le général Jorge Enrique Navarrete Jadeth, chef de l'état-major des ressources humaines et de la logistique ; le général Raúl Antonio Rodríguez Arévalo, chef de l'état-major de la planification et des politiques ; le général Adolfo León Hernández Martínez, chef du commandement de la transformation de l'armée ; le général Diego Luis Villegas Muñoz, chef du groupe de travail Vulcano;  le général Edgar Alberto Rodríguez Sánchez, commandant du groupe de travail Aquiles ; le général Raúl Hernando Flórez Cuervo, commandant du Centre national de formation ; le général Miguel Eduardo David Bastidas, commandant de la 10e brigade; et le général Marcos Evangelista Pinto Lizarazo, commandant de la 13e brigade.

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2019/02/27/colombia-new-army-commanders-linked-killings

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Dans les médias

Figaro/AFP       Libération

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