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Thaïlande : Craintes au sujet de trois opposants « disparus »

Trois éminents dissidents sont portés disparus après été extradés clandestinement par Hanoï

(New York, le 9 mai 2019) - Le gouvernement thaïlandais devrait immédiatement révéler où se trouvent trois activistes qui auraient été extradés de Hanoï vers Bangkok, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les autorités thaïlandaises ne se sont pas prononcées sur leur éventuelle arrestation ou détention, ce qui suscite de vives préoccupations quant au risque que les trois hommes soient victimes de disparitions forcées.

L'activiste thaïlandais Chucheep Chivasut, photographié en 2016. © 2016 Privé

Vers le début de cette année, les autorités vietnamiennes auraient arrêté Chucheep Chivasut (parfois surnommé « Oncle Sanam Luang »), Siam Theerawut (« Camarade Khaoneaw Mamuang ») et Kritsana Thapthai (« Camarade Young Blood »), qui avaient cherché à se réfugier au Vietnam afin d’échapper à la persécution dans leur propre pays. Les autorités vietnamiennes ont accusé les trois hommes d’être entrés illégalement dans le pays en utilisant de faux documents. Selon le site de Prachatai News et l'Alliance thaïlandaise pour les droits humains (TAHR), les autorités vietnamiennes ont extradé les trois hommes vers la Thaïlande le 8 mai. Les activistes y étaient accusés du crime de lèse-majesté, notamment après avoir invité des partisans de l'Organisation pour la Fédération thaïlandaise, dirigée par Chucheep Chivasut, à manifester contre la monarchie en portant un t-shirt noir à Bangkok et dans des provinces.

« Le gouvernement thaïlandais devrait immédiatement révéler où se trouvent Chucheep Chivasut et ses deux confrères, et permettre aux membres de leur famille et à leurs avocats de les voir », a déclaré Brad Adams, directeur de la division Asie à Human Rights Watch.

Depuis le coup d'État de mai 2014, les autorités thaïlandaises ont renforcé leurs actions contre Chucheep, ainsi que d'autres activistes anti-monarchie ayant cherché refuge dans des pays voisins. En septembre 2018, le vice-Premier ministre Prawit Wongsuwan qualifié l'Organisation pour la Fédération de la Thaïlande de « groupe hors-la-loi » et avait menacé d'arrêter toutes les personnes impliquées dans cette organisation.

Le gouvernement thaïlandais a demandé à plusieurs reprises au Laos, au Vietnam et au Cambodge d’extrader les activistes thaïlandais en exil, se trouvant sur leurs territoires.

Chucheep et ses deux confrères ont fui le Laos vers le Vietnam peu après le meurtre de trois autres activistes qui avaient été enlevés au Laos en décembre 2018. Auparavant, deux autres activistes antimonarchistes avaient été enlevés au Laos, respectivement en juin 2016 et juillet 2017. Le sort de ces deux hommes est toujours inconnu.

Selon le droit international, une disparition forcée est définie comme « l'arrestation, la détention, l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l'État […]  suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve ». Les disparitions forcées violent plusieurs droits fondamentaux protégés par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que la Thaïlande a ratifié. Ce Pacte interdit notamment les arrestations ou détentions arbitraires, les actes de torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que les exécutions extrajudiciaires. La Thaïlande a signé la Convention internationale contre les disparitions forcées, mais ne l’a pas encore ratifiée.

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2019/05/09/thailand-critics-feared-disappeared

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