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Les enlèvements sont devenus endémiques dans les régions anglophones du Cameroun

Les séparatistes armés s’en prennent aux politiciens, aux membres du clergé et aux étudiants

Le président du Front social démocrate (Social Democratic Front, SDF), Ni John Fru Ndi, s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement tenu le 8 octobre 2011 à Yaoundé, au Cameroun, un jour avant l’élection présidentielle. © 2011 AP Photo/Sunday Alamba

Le 28 juin, des séparatistes armés ont passé à tabac et enlevé John Fru Ndi, un homme politique camerounais bien connu, considéré par certains comme l’un des membres de la vieille garde de l’activisme politique dans le pays, à son domicile à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest. Cette attaque n’est que la plus récente d’une série d’exactions dans lesquels sont impliqués les séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun.

Fru Ndi, président du Front social démocrate (FSD), un parti d’opposition, est un des principaux militants en faveur des droits de la minorité anglophone du Cameroun. Il s’agit de son second enlèvement en deux mois. Trois jours avant son plus récent enlèvement, des séparatistes armés ont enlevé, puis relâché, une autre personnalité en vue, Cornelius Fontem Esua, archevêque de Bamenda.

Depuis 2017, les séparatistes armés opérant dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ont enlevé des centaines de personnes, dont des étudiants et des membres du clergé, dans un contexte où se multiplient les appels à la sécession des régions anglophones.

Fru Ndi a affirmé à Human Rights Watch que les séparatistes l’avaient brutalisé à plusieurs reprises. « J’ai entendu des coups de feu et je me suis précipité dehors », a-t-il dit. « Trois séparatistes m’ont plaqué au sol sur le ciment de la cour de ma maison. Ils m’ont frappé à la tête et au ventre. J’ai été pris comme un animal qu’on mène à l’abattoir. » Ils ont tiré une balle dans la jambe de son garde du corps.

Fru Ndi a affirmé avoir été emmené dans une maison abandonnée située dans une forêt proche, où on lui a ordonné de retirer du parlement les représentants de son parti. « J’ai été amené à ce que les séparatistes appellent leur ‘prison.’ Là, j’ai vu au moins 15 séparatistes, armés de fusils d’assaut. Ils fumaient de la marijuana et étaient sous l’effet d’autres drogues. Ils m’ont oté ma chemise, ont brandi le drapeau de l’Ambazonie et ont chanté leur hymne. Ils ont pris des photos de moi », a-t-il dit. « Les séparatistes prétendent protéger la population anglophone mais tout ce qu’ils font, c’est leur faire subir des abus. » Ils ont remis Fru Ndi en liberté le 29 juin.

Depuis fin 2016, la violence s’est emparée des régions anglophones du Cameroun, faisant environ 2000 morts et forçant un demi-million de personnes à s’enfuir de leurs domiciles.

Les griefs exprimés par les organisations représentant les anglophones au sujet de leur marginalisation politique et de la non-reconnaissance de leur identité culturelle sont réels. Mais enlever des civils et leur faire subir des sévices ne fera guère avancer la résolution de ces griefs.

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