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La France devrait rester ferme face à l’Arabie saoudite

Une déclaration au Conseil des droits de l’homme lui donne l’occasion de défendre ses principes

Mohammed ben Salmane, prince héritier du Royaume d'Arabie saoudite, photographié au siège des Nations Unies à New York, le 27 mars 2018. © 2018 Albin Lohr-Jones/Pacific Press/LightRocket via Getty Images

Lors de la dernière session du Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU, 25 pays, dont 15 de l’Union européenne, ont soutenu une déclaration conjointe portée par l’Australie mettant en lumière les graves violations des droits humains en Arabie saoudite et appelant les autorités saoudiennes à la vérité et à la justice pour le meurtre de Jamal Khashoggi. Mais en dépit des principes affichés et de ses engagements, la France n’en fait pas partie.

En mars dernier, à la précédente session du CDH, les 28 pays de l’UE avaient endossé un texte commun s’alarmant de la situation des droits en Arabie saoudite. Depuis, la répression contre les défenseur.e.s et activistes saoudiens des droits humains n’a pas cessé. Les femmes sont toujours confrontées à la discrimination, quatre militantes féministes sont derrière les barreaux, d’autres sont toujours en procès et les allégations de torture n’ont pas été investiguées de manière crédible.  

Les autorités saoudiennes n’ont par ailleurs pas pris les mesures nécessaires pour rendre des comptes sur le meurtre de Khashoggi, en octobre 2018. Malgré l’aveu tardif de sa responsabilité dans l’assassinat du journaliste, le gouvernement saoudien continue de refuser de coopérer à toute enquête internationale et d’intensifier sa répression contre les voix critiques dans le pays.

Ce n’est donc pas le moment pour la France et les autres pays de l’UE de relâcher la pression.  

Le 1er octobre devant le Conseil de l’Europe, Emmanuel Macron a souligné la nécessité de défendre les droits fondamentaux et les libertés à un moment où ils subissent les coups de boutoir de gouvernements autoritaires dans un contexte international où, selon le président français, « les violations des droits fondamentaux, du droit humanitaire le plus élémentaire ne sont plus ni punis ni sanctionnés et font même de moins en moins l'objet d'une réprobation assumée ». E. Macron a aussi déploré « l’affaiblissement sans précédent du multilatéralisme ». Le Ministre français des Affaires étrangères et la Secrétaire d’Etat à l’égalité homme-femme ont quant à eux récemment vanté la diplomatie féministe de la France.

Dans ces circonstances, il apparait incompréhensible que la France ne se joigne pas aux autres pays pour condamner les abus persistants de l’Arabie saoudite. Cela contredit le discours d’Emmanuel Macron et crée le doute quant à la sincérité de l’attachement de la France aux valeurs qu’elle proclame quand il s’agit de les défendre face à des pays comme l’Arabie saoudite, qui sont aussi d’importants clients, notamment en matière d’armes françaises.

De plus, si elle ne saisit pas l’occasion d’un effort commun au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour exercer une pression sur l’Arabie saoudite dans ce domaine, la France prend le risque de contribuer à l’affaiblissement du multilatéralisme et du Conseil lui-même. Quant à la diplomatie féministe, son silence devant la persécution de féministes la ferait ressembler à une coquille vide.

La France a jusqu’au 11 octobre pour rejoindre cette déclaration conjointe. Elle devrait agir selon ses propres engagements et joindre sa voix pour condamner les violations flagrantes des autorités saoudiennes.

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