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Bruxelles: Innovation dans le domaine de la santé mentale

Une unité d’assistance mobile aide des patients à éviter un séjour à l’hôpital

(Bruxelles) – Une équipe mobile qui fournit des soins à domicile à des personnes avec des handicaps psychosociaux ou d’autres types de troubles mentaux représente une alternative innovante et respectueuse des droits humains au système de soins fournis dans des institutions, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans une nouvelle présentation en ligne. Cette présentation est la première parmi une nouvelle série de dossiers en ligne visant à documenter les bonnes pratiques en matière de protection des droits des personnes handicapées, et à aider les gouvernements - européens entre autres – à appliquer les dispositions du Traité des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées.

Cette présentation en ligne, intitulée « ‘She’s My Ally In My Battle’: How Personal Support, Not Medicine, Is Helping People With Mental Health Conditions Get Back On Their Feet » (« ‘Elle est mon alliée dans ma bataille’: Comment un soutien personnalisé, plutôt que des médicaments, aide les personnes atteintes de troubles psychologiques à se remettre sur pied »), met en lumière le travail de TANDEMplus, une équipe mobile opérant à Bruxelles qui fournit des soins psychiatriques à des personnes affectées d’un handicap psychosocial dans leur environnement de prédilection, plutôt que dans un hôpital. Cette équipe est actuellement composée de cinq membres qui vont à la rencontre des personnes à leur domicile ou dans un autre lieu de leur choix. Le personnel de TANDEMplus travaille main dans la main avec ces personnes pour leur venir en aide dans leur vie de tous les jours et trouver des solutions ensemble.

« Cette approche novatrice permet aux personnes atteintes de troubles psychiatriques de rester à chaque instant dans une position de contrôle », a expliqué Shantha Rau Barriga, directrice de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. « Les personnes aidées par TANDEMplus peuvent contrôler pleinement quel genre d’aide elles reçoivent, et conserver leur autonomie et leur dignité tout au long du processus. Personne n’est jamais forcé ; les droits humains de ces personnes sont au centre de la philosophie de TANDEMplus. »

Céline Godart, travailleuse de TANDEMplus, circule à bicyclette dans une rue de Bruxelles. © 2019 Stephanie Hancock pour Human Rights Watch

Une femme, qui est aux prises avec des tendances suicidaires et a eu dans le passé des expériences malheureuses de soins psychiatriques forcés en institution, a déclaré au sujet du programme : « [C’était] la première fois que je faisais l’expérience d’une telle relation d’égal à égal avec une professionnelle. Elle n’a aucun pouvoir sur moi. Elle est seulement mon alliée dans ma bataille. » 

Une personne qui cherche de l’aide peut contacter l’équipe directement, ou être recommandée par un ami, par un parent ou par le médecin de famille. Quand l’équipe mobile reçoit une demande d’aide, des membres du personnel rendent visite à la personne – tout d’abord par paires – et essaient d’établir un contact. Ils n’hospitalisent pas les gens et ne se mêlent pas de leurs prises de médicaments. Ils se contentent d’essayer d’aider la personne à reprendre le contrôle de sa vie quotidienne. Cela peut inclure la résolution d’un problème administratif, la prise d’un rendez-vous ou la recherche d’un nouveau psychologue. Le soutien est apporté uniquement sur le court terme, dans le but de créer ou recréer un réseau positif autour de la personne, avant de se retirer.

Patrick Janssen, co-fondateur de TANDEMplus, a ainsi expliqué pourquoi les services basés sur la communauté sont essentiels. « Personne ne guérit en restant au lit. Vous guérissez quand vous êtes en contact [avec d’autres personnes], quand vous vous sentez utile, ou quand vous réalisez que vous avez trouvé votre place. »

L’équipe mobile évite les hospitalisations en aidant les personnes à surmonter les problèmes quotidiens qui pourraient conduire à une crise. Le service est gratuit, ce qui signifie également que la personne qui reçoit l’aide n’a pas besoin de présenter sa carte d’identité et peut garder l’anonymat.

Soixante-et-un pour cent des personnes auxquelles le personnel rend visite ont précédemment été placées en séjour de long terme dans une institution de soins psychiatriques, parfois à plusieurs reprises. Et 78 % d’entre elles disposent déjà d’un médecin de famille, ou d’un psychiatre, voire des deux. Ces chiffres indiquent fortement que les personnes souffrant d’affections mentales pourraient bénéficier d’un approche différente, a déclaré Human Rights Watch.

Les taux d’hospitalisation forcée sont élevés en Belgique et les équipes mobiles de santé peuvent offrir une alternative respectueuse des droits, a affirmé Human Rights Watch. Le pays a un nombre de lits consacrés aux soins psychiatriques par tête d’habitant qui se situe parmi les plus élevés de l’Union européenne (UE) – une moyenne de 136 lits pour 100 000 habitants, contre une moyenne de 69 dans l’ensemble de l’UE. Et le coût pour le public est lui aussi élevé. Trente jours en hôpital psychiatrique coûtent 4 718 euros, et un séjour de même longueur dans le service de psychiatrie d’un hôpital général coûte 10 339 euros.

« Non seulement ce modèle est efficace, selon ses utilisateurs, mais il est aussi économique », a affirmé Shantha Rau Barriga. « Il est parfaitement possible de venir en aide aux personnes de manière efficace sans piétiner leurs droits humains et leur dignité. TANDEMplus démontre qu’on ne peut pas dire que le traitement forcé est un mal nécessaire, car il n’est même pas nécessaire – point final. »

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