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Syrie : Les forces gouvernementales suspectées d’abus contre des civils

Les habitants des zones reconquises par le gouvernement sont soumis au risque de représailles

(Beyrouth, le 16 mars 2020) - Les forces du gouvernement syrien semblent avoir exercé des représailles contre des civils ayant choisi de rester dans des zones reconquises dans la région d’Idlib, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Des images fournies à Human Rights Watch montrent que les forces gouvernementales ont peut-être tiré sur des civils et profané leurs corps dans des villes dont le gouvernement a repris le contrôle, dans les gouvernorats d'Idlib et d'Alep.

À partir d’avril 2019, l'alliance militaire syro-russe a intensifié son offensive contre les dernières zones contrôlées par les forces anti-gouvernementales dans les régions d’ Idlib et d'Alep. Human Rights Watch a obtenu des images qui semblent montrer des membres de la 25e Division des Forces spéciales syriennes, parfois surnommées « Forces des Tigres », posant leurs pieds sur le corps d'un homme qu'ils semblent avoir tué après avoir pris le contrôle de la ville de Maaret al-Nu'man. Ces forces, dirigées par le général syrien Suheil al-Hassan, ont reçu une formation fournie par des officiers russes, ainsi que du matériel militaire russe.

« Les forces syro-russes ont bombardé sans discernement des zones pour forcer les civils à fuir en masse et semblent maintenant terroriser des civils qui sont restés dans ces quartiers », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les soldats qui commettent des exactions et les commandants qui n’empêchent pas ces abus devraient être tenus responsables de leurs actes. »

Human Rights Watch a précédemment documenté les attaques indiscriminées menées par les forces syro-russes contre des infrastructures civiles, ainsi que le recours à des armes interdites, notamment des armes à sous-munitions, des armes incendiaires et des engins explosifs improvisés. Au 1er décembre, ces attaques avaient entraîné le déplacement forcé de près d'un million de personnes, dans des conditions humanitaires qui ont été aggravées par la décision de la Turquie de fermer ses frontières.

Le 28 janvier 2020, les forces syriennes ont repris le contrôle de la ville de Maaret al-Nu’man, une ville du gouvernorat d'Idlib ou vivaient près de 85 000 personnes, après une offensive de deux mois.

Le 31 janvier, un activiste syrien a transmis à Human Rights Watch une capture d'écran qui semble provenir d’un compte Facebook d’un soldat syrien, montrant ce soldat posant son pied sur le corps d’un homme tué gisant par terre. Selon trois personnes interrogées par Human Rights Watch, la victime serait Ahmed al-Jaffal, un habitant de Maaret al-Nu’man qui avait refusé de fuir la ville.

 
Deux captures d’écran d'un compte Facebook qui semble appartenir à un soldat syrien ayant participé à des opérations à Maaret al-Nu'man, dans la région d’Idlib. Le post Facebook du 22 novembre 2019 montre le soldat près d’un véhicule blanc qui semble comporter le logo des « Forces des Tigres » sur le capot. Le post Facebook du 29 janvier 2020 (qui depuis lors a été supprimé) semble montrer le même soldat, le pied posé sur le corps d’un homme mort dans une rue de Maaret al-Nu'man, peu après la reconquête de la ville par les forces gouvernementales.  

En vertu du droit international, toutes les parties à un conflit doivent prendre toutes les mesures possibles pour empêcher la profanation des corps des victimes.

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2020/03/16/syria-government-forces-apparently-abuse-civilians

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