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Ouganda : Un chef de l'opposition aurait été torturé par la police

Les restrictions liées à la pandémie ne justifient nullement les abus subis par Francis Zaake

Le siège du Parlement ougandais à Kampala, photographié en septembre 2017. © 2017 Reuters/James Akena

(Kampala, le 28 avril 2020) - Un membre ougandais de l’opposition siégeant au Parlement aurait été torturé après que les forces de sécurité l'ont arrêté le 19 avril pour avoir distribué de la nourriture à des citoyens de sa circonscription, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Le autorités devraient enquêter d’urgence sur les allégations selon lesquelles Francis Zaake aurait été torturé, et tenir les auteurs de ces abus responsables de ces actes.

Le 30 mars, le président Yoweri Museveni a annoncé l’interdiction provisoire des moyens de transport public et privé, la suspension des services « non essentiels » et la fermeture des magasins non alimentaires, afin d’empêcher la propagation de Covid-19. Il a ajouté qu’il avait ordonné à la police « d'arrêter les politiciens …  qui [tenteraient] de distribuer de la nourriture » à des personnes, car tout don alimentaire devait être effectué par l’intermédiaire d’un groupe de travail mis en place par le gouvernement.

« Les violences policières sont toujours interdites, qu’il y ait un contexte de pandémie ou non », a déclaré Oryem Nyeko, chercheur ougandais à Human Rights Watch, « Les autorités ougandaises devraient enquêter d'urgence sur ces allégations, et tenir les individus impliqués responsables de leurs actes. »

Lors d’actions visant à appliquer les mesures gouvernementales face au Covid-19, les forces de sécurité ont battu, arrêté arbitrairement et tiré sur des civils, notamment des commerçants, des journalistes et des jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). Le Comité pour la protection des journalistes a en outre signalé que les forces de sécurité ont harcelé ou agressé au moins six journalistes depuis le 19 mars.

Le député ougandais Francis Zaake. © 2020 Francis Zaake / Twitter.

Le 19 avril, des policiers ont arrêté Zaake dans la ville de Mityana, située à environ 70 kilomètres au nord de Kampala, alors qu'il y distribuait de la nourriture à des personnes durement touchées par les restrictions liées au Covid-19. Zaake a d’abord été détenu à l'Unité des enquêtes spéciales de Kireka, à Kampala, sans que son avocat ou les membres de sa famille ne soient autorisés dans un premier temps à lui rendre visite.

Le 22 avril, la police a transféré Zaake à l'hôpital Iran-Ouganda de Naguru. La police a démenti les informations selon lesquelles Zaake aurait été torturé, mais trois témoins qui ont pu voir Zaake ont affirmé à Human Rights Watch qu'il était incapable de marcher et semblait avoir été sévèrement battu.

Paul Mwiru, un député qui a pu rendre visite à Zaake alors qu'il était encore détenu au centre de Kireka, a déclaré à Human Rights Watch : « Ils l’avaient frappé au dos. Son visage était couvert de bleus. Il ne pouvait bas bouger, tant ils l'avaient frappé. »

Meddard Sseggona Lubega, l'avocat de Zaake, lui a rendu visite à l'hôpital et a également évoqué ses blessures : « Ses jambes étaient enflées et son visage était contusionné. » Lubega a ajouté que Zaake lui avait dit que des soldats l'avaient torturé pendant sa détention.

Une vidéo enregistrée lors de l'arrestation de Zaake le 19 avril montre qu'il pouvait alors marcher sans blessures apparentes. Le 20 avril, la police a annoncé que Zaake était accusé de tentative de meurtre, de désobéissance aux ordres légaux et d'actes de négligence susceptibles de propager une infection. Il n’a pas été traduit en justice dans le délai de 48 heures pourtant exigé par la loi ougandaise.

Le 27 avril, plus d'une semaine après l’arrestation de Zaake, la police l’a emmené au tribunal de première instance de Mityana afin qu’il y soit officiellement inculpé. Le juge a toutefois observé le « mauvais état de santé » de Zaake, et a requis que des soins médicaux lui soient fournis avant la poursuite des procédures. Des témoins qui étaient dans la salle d'audience ont déclaré à Human Rights Watch que Zaake était incapable de marcher, avait du mal à respirer et semblait être en très mauvais état.

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2020/04/28/uganda-opposition-leader-reported-tortured-police

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