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Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient défendre la CPI

Les États-Unis ont autorisé des sanctions contre des responsables de la Cour pénale internationale, entres autres

Le siège de la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas. © 2018 Marina Riera/Human Rights Watch

Des sanctions sont censées être prises contre les auteurs de violations des droits humains, et non pas contre les personnes qui cherchent à traduire en justice les individus responsables des pires violations, lesquelles constituent de graves crimes internationaux.

Et pourtant, l’administration des États-Unis a intensifié son offensive sans précédent contre la Cour pénale internationale (CPI). Le 11 juin, le président Trump a signé un décret présidentiel qui permet de geler les avoirs des responsables de la CPI et de leur interdire, ainsi qu’à leurs familles, d’entrer aux États-Unis, et qui pourrait éventuellement cibler d’autres personnes apportant leur concours à certaines enquêtes de la CPI. Les termes utilisés dans ce décret semblent destinés à refroidir les efforts d’investigation de la Cour et à décourager quiconque de coopérer avec elle. Pour s’assurer que son mandat ne soit pas remis en cause, la Cour a besoin que ses 123 pays membres expriment publiquement leur désaccord avec une telle tactique d’intimidation brutale de la part des États-Unis.

Lundi, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE – qui se compose du Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et des 27 ministres de l’Union – tiendront une conférence par vidéo avec le Secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, pour discuter des relations transatlantiques. Il est nécessaire et urgent que l’UE émette des messages clairs, raisonnés et énergiques en faveur de la CPI et condamnant les attaques des États-Unis contre la Cour.

Même si un certain nombre d’États membres de l’UE ont déjà décrié le comportement des États-Unis, cette dernière décision de Trump exige une réponse publique forte et unitaire de la part de l’UE, qui puisse être entendue à Washington. Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE devraient réaffirmer leur engagement sans faille pour que justice soit rendue pour les crimes les plus graves, et en faveur de la CPI en tant qu’élément essentiel des structures internationales de protection des droits humains et de l’État de droit, et de la coopération mondiale en matière.

Le rôle moteur de l’Europe, aux côtés d’autres États membres de la CPI, a été crucial dans la lutte contre l’impunité pour les auteurs de crimes internationaux, y compris face à l’hostilité des États-Unis lors des premières années d’existence de la Cour. Il est vrai que le bilan jusqu’ici de la CPI est loin d’être parfait, mais elle est toujours un indispensable tribunal de dernier recours. La meilleure preuve de ceci est la reddition cette semaine à la CPI d’un chef de milice accusé d’avoir commis, avec le soutien de son gouvernement, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au Darfour, une province du Soudan. Il est le premier suspect accusé de ces crimes à devoir en répondre devant un tribunal quel qu’il soit.

Obtenir justice pour des crimes atroces n’est pas un luxe moral; c’est un droit. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE devraient dire à leur allié américain qu’ils se tiennent aux côtés des victimes dans leur quête de réparation, et qu’ils défendront l’intégrité du traité fondateur de la CPI, ainsi que son indépendance.

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