Skip to main content

La France a rapatrié d’autres enfants du nord-est de la Syrie

Le gouvernement devrait ramener tous les enfants et leurs mères des camps dans la région

Une fillette photographiée de dos dans l'annexe du camp d'al-Hol, dans le nord-est de la Syrie. Dans ce camp, des milliers de femmes et d'enfants originaires de divers pays, dont le Canada, sont détenus en tant que membres de familles d’individus suspectés de liens avec l'État islamique (EI). © 2019 Sam Tarling

Le gouvernement français a annoncé cette semaine avoir rapatrié 10 enfants des camps pour les familles de suspects de l'État islamique (EI, ou Daech) dans le nord-est de la Syrie. Les enfants auraient été remis à une délégation du ministère français des affaires étrangères partie sur place. Les autorités françaises ont maintenant ramené 28 enfants français de la région depuis mars 2019, dont récemment une fillette de 7 ans souffrant d'une grave malformation cardiaque. Elles devraient ramener en France tous ceux qui restent.

Que 10 enfants - désignés comme "orphelins ou cas humanitaires" – aient été sortis des camps sordides et dangereux du nord-est de la Syrie est un pas positif. Mais les mères de deux de ces enfants sont toujours dans les camps et l’un d’eux aurait été séparé de ses frères et sœurs. Et plus de 250 enfants français dont les parents ont présumément quitté la France pour rejoindre Daech sont toujours bloqués dans les camps de Roj et al-Hol, gérés par les Forces démocratiques syriennes, la branche militaire des autorités kurdes de la région.

Les conditions dans les camps de cette région déchirée par la guerre sont déplorables, marquées par la promiscuité et l’insalubrité, entraînant des décès dans certains cas et renforçant la menace d'une propagation rapide de Covid-19. Seuls six cas confirmés étaient signalés dans le nord-est de la Syrie à la mi-juin, mais l'absence presque totale de tests dans la région fait craindre un nombre de cas beaucoup plus élevé. La région est profondément sous-préparée pour faire face à une épidémie importante, notamment en raison des restrictions en matière d’aide humanitaire.     

Les femmes étrangères et leurs enfants sont détenus dans les camps d'al-Hol et de Roj sans jamais avoir été inculpés ni même présentés à un juge, en violation du droit international. Les enfants sont privés de leurs droits fondamentaux à la vie, à la protection, aux soins, à l'éducation et, pour ceux nés en Syrie, à une nationalité.

Malgré les appels désespérés des familles en France et les demandes répétées du Défenseur des Droits, de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et des Nations unies, notamment de la Haute-Commissaire aux droits de l'homme et de la Rapporteuse spéciale sur la lutte contre le terrorisme, la France persiste dans sa politique du "cas par cas" et des rapatriements au compte-goutte des enfants détenus dans les camps.

Condamner ces enfants et leurs mères à une détention arbitraire, pour une période indéfinie et dans des conditions inhumaines et dangereuses ne sert ni la justice ni la sécurité. En laissant ces enfants et ces femmes en danger, alors qu'il pourrait les ramener en France, le gouvernement français abandonne ses citoyens et tourne le dos au principe d’humanité.

--------

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.