(New York) –La décision d’imposer au président de la Fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, une interdiction à vie d’exercer une activité dans ce domaine est un pas en avant important pour protéger les enfants et les jeunes athlètes féminines des abus sexuels, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. La décision de la Fédération internationale de football association (FIFA) devrait être suivie de mesures afin de sanctionner les autres agresseurs et leurs complices, ouvrir des poursuites pénales en Haïti et dans d’autres juridictions, et fournir une assistance continuelle aux survivantes d’abus.
À la suite de révélations du Guardian et de Human Rights Watch, et de pressions exercées au cours des sept derniers mois par les organisations haïtiennes de défense des droits Kay Fanm, Solidarite Fanm Ayisyèn (SOFA), le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) et d’autres, la FIFA a mené une enquête sur les allégations de harcèlement et d’abus sexuels portées contre Yves Jean-Bart, surnommé « Dadou ». Le 20 novembre, la commission d’éthique de la FIFA lui a infligé la peine maximale dans le monde du football professionnel.
« La décision de la FIFA est une validation pour tous les courageuses survivantes d’abus et témoins qui se sont manifestés pour dénoncer des abus sexuels », a déclaré Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales au sein de Human Rights Watch. « Comme Human Rights Watch l’a documenté, ces personnes ont été visées par des menaces personnelles et stigmatisées au sein de la société. La sanction de la FIFA est un signal important que si vous êtes un agresseur dans le football, vos jours sont comptés. »
Yves Jean-Bart a présidé la Fédération haïtienne de football (FHF) depuis 2000. À la suite de son enquête sur des preuves d’abus sexuels systématiques commis sur des joueuses, la commission d’éthique de la FIFA a déclaré Jean-Bart « coupable d’abus de pouvoir et d’agression sexuelle sur plusieurs joueuses, dont des mineures. » Il est désormais banni de toute activité liée au football en Haïti et dans le monde et condamné à une amende d’un million de francs suisses (environ 1,1 million de dollars). Il a déclaré qu’il ferait appel de cette décision auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS).
Des survivantes d’abus sexuels en Haïti ont déclaré à Human Rights Watch qu’elles voulaient que justice soit faite pour les abus commis par le président, mais aussi que des sanctions professionnelles soient prises à l’encontre de tous les responsables ayant facilité la commission de tels abus ou qui en avaient connaissance au sein du monde footballistique haïtien.
« En jouant pour Haïti, je me suis donnée à fond », a déclaré une membre de l’équipe nationale féminine à Human Rights Watch. « Sans nous, les joueuses, il n’y a pas de match. Je suis tellement heureuse que Dadou ne puisse plus abuser de son pouvoir et nous empêcher de réaliser nos rêves. »
Depuis mai, Human Rights Watch collabore avec la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPro), qui a fourni des avocats et une assistance aux athlètes, aidé à s’entretenir avec des témoins et recueilli des preuves de violations systémiques des droits humains dans le football haïtien, dont la confiscation des passeports des joueurs, les violations du droit du travail, la préparation de jeunes athlètes à être sexuellement exploités et des menaces de mort à l’encontre de témoins et de survivants.
Yves Jean-Bart, président de la FHF depuis 2000, avait été réélu pour un sixième mandat en février. Il a nié publiquement toutes les allégations portées contre lui et obtenu qu’un juge haïtien l’« acquitte » et l’exonère. Qu’un magistrat ait fait cette déclaration à la veille de l’interdiction à vie décrétée par la FIFA témoigne du pouvoir que Jean-Bart exerce dans son pays et du défi que doivent relever les survivants pour lui faire face ainsi qu’à ses alliés. En août, Human Rights Watch a documenté l’existence de menaces et d’attaques contre des témoins et des lanceurs d’alerte pour les empêcher de présenter des preuves d’abus.
La FIFA a précisé que cette première sanction à l’encontre de Jean-Bart pourrait être suivie d’autres sanctions à l’égard d’autres responsables d’abus et de complices, qui étaient soit au courant de ces actes soit les ont facilités au sein de la fédération haïtienne :
Cette procédure s’insère dans le cadre d’une vaste enquête concernant M. Jean-Bart et d’autres officiels de la FHF, identifiés comme ayant possiblement été impliqués (en tant qu’auteurs principaux, complices ou instigateurs) dans des actes d’abus sexuels systématiques envers des joueuses entre 2014 et 2020. Les procédures concernant les autres officiels sont encore en cours.
Il est essentiel pour la FIFA de sanctionner les autres individus qui se sont livrés à des abus sexuels et de les bannir du monde du football, a déclaré Human Rights Watch. Par ailleurs, elle doit prêter une assistance à la fois thérapeutique et logistique continue aux joueurs, et veiller au respect de toutes les interdictions et amendes qu’elle infligerait.
« Outre la protection des survivants et des témoins, la FIFA devrait exercer son autorité pour interdire et sanctionner tous les responsables impliqués dans des abus sexuels ou qui menacent des témoins alors qu’elle mène l’enquête », a conclu Minky Worden. « Sous sa forme la plus exaltante, le football est excitant, structurant et sain pour les jeunes et la FIFA devrait assumer sa responsabilité de garantir la sécurité des joueurs. »
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#Haïti : La #FIFA a imposé au président de la #FHF une interdiction à vie d’exercer une activité liée au #football, suite aux allégations d'#abus #sexuels qui le visaient. C'est un pas important pour les survivantes d'abus, selon @MinkysHighjinks @hrw. https://t.co/6vuzINMcz9
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La #FIFA interdit à vie le président de la fédération #haïtienne de #football. C'est une mesure importante suite aux graves allégations d'abus sexuels, selon @MinkysHighjinks @hrw. https://t.co/ZBWZ6TgFwv
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