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Les survivants du massacre de Yumbi en RD Congo réclament justice

Deux ans après les faits, les responsabilités pour les 535 personnes tuées n’ont toujours pas été établies

Fin décembre 2018, le père Nestor Longota, prêtre catholique, est retourné à Bongende, son village natal dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo. « Ce que j’y ai vu était inimaginable », a-t-il raconté la semaine dernière. « Il y avait des corps putréfiés, certains étaient mutilés, d’autres avaient été brûlés dans des maisons, et des maisons étaient détruites ».

Quelques jours plus tôt, le 16 décembre, des centaines de membres de l’ethnie Batende – armés de fusils de chasse, d’armes automatiques, de couteaux et de machettes – avaient pris d’assaut la ville voisine de Yumbi et tué au moins 170 personnes, pour la plupart appartenant à l’ethnie Banunu. Le lendemain, ils attaquaient les villages de Nkolo II puis de Bongende. Au total, 535 personnes ont été tuées et 111 autres blessées. Le père Longota a perdu au moins 30 membres de sa famille élargie. Il attend toujours que justice soit faite.

L’enterrement secret d’un chef coutumier banunu sur une terre privée revendiquée par les Batende aurait déclenché les massacres, mais des informations fournies par le gouvernement et les Nations Unies indiquent que les attaques ont été planifiées et organisées par des responsables locaux. Les assaillants ont endommagé, détruit et pillé plus de 1 500 maisons, ainsi que des centres de santé, des écoles et des bureaux de vote. Environ un tiers des 16 000 personnes qui ont fui vers la République du Congo voisine sont depuis rentrées dans leurs villages. Ils se sont plaints de n’avoir reçu que très peu d’aide pour reconstruire leurs vies.

Deux ans après les massacres, les enquêtes sont toujours en cours. Une source judiciaire a déclaré à Human Rights Watch que l’exhumation des corps est censée avoir lieu avant tout procès. Des informations crédibles suggèrent qu’entretemps, au moins trois assaillants présumés, qui faisaient partie des dizaines de personnes arrêtées et détenues à Kinshasa, la capitale, ont été libérés pour des raisons encore inexpliquées.

Le traumatisme causé par le massacre de Yumbi est encore palpable pour les survivants et les familles des victimes. Il a bouleversé leur vie et leur fait douter de l’avenir. Les autorités congolaises, qui n’ont pas fourni de soutien psychologique aux survivants, devraient à présent veiller à ce que ceux qui ont orchestré et perpétré les massacres soient dûment traduits en justice.

« J’ai le sentiment que notre gouvernement nous a abandonnés à notre triste sort », a déclaré le père Longota à l’approche de ce deuxième anniversaire. « Si la justice n’est pas rendue, nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau massacre ».

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