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Liban : Rendre justice pour le meurtre d'un écrivain anti-Hezbollah

Les autorités devraient rapidement mener une enquête crédible et transparente sur l’assassinat de Lokman Slim

Une manifestante à Beyrouth tient une photo de Lokman Slim, un écrivain libanais connu pour ses propos critiques a l’égard du Hezbollah, qui a été retrouvé assassiné le 4 février 2021. © 2021 AP Photo/Bilal Hussein

(Beyrouth) - Les autorités libanaises devraient mener une enquête rapide, indépendante et transparente sur le meurtre de l'éminent écrivain Lokman Slim, qui avait critiqué le Hezbollah, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Slim, 58 ans, a été retrouvé mort dans sa voiture sur une route située entre les villes d'Addousiyyeh et de Tefahta dans le sud du Liban dans la matinée du 4 février. Un examen post-mortem a révélé qu'il avait reçu six balles, cinq dans la tête et une dans le dos, a déclaré un procureur.

Les collègues de Slim ont déclaré à Human Rights Watch qu’il était porté disparu depuis la soirée du 3 février. Il avait quitté la maison d'un ami près du village de Niha, dans le sud du Liban, entre 20 heures et 20h30. Mais il n’est pas revenu chez lui à Haret Hreik, au sud de Beyrouth. Son téléphone portable a été retrouve près de Niha, à 30 kilomètres de l’endroit où son corps avait été découvert.

« Le Libanais ont appris la terrible nouvelle que Lokman Slim, un défenseur infatigable d'un Liban juste et démocratique, a été assassiné », a déclaré Michael Page, directeur adjoint du Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Le Liban doit mettre fin à la culture de l'impunité pour les crimes graves, qui sévit depuis la guerre civile. »

Le président Michel Aoun a appelé à une enquête sur le meurtre de Slim.

Rasha al-Amir, la sœur de Lokman Slim, a déclaré aux médias: « Je n'ai aucune confiance dans ce système judiciaire et ces enquêtes… Il est clair qui contrôle ce domaine… Ce n'est pas une accusation, c'est connu, et ils se sont dévoilés . Pour eux, tuer est normal… Jusqu’à aujourd’hui, dans l’histoire du Liban, toutes les enquêtes [de ce type] ont fini dans une impasse. » L’épouse de Lokman Slim, Monika Borgmann, a appelé à une enquête internationale.

Slim était un activiste, écrivain et chercheur chiite renommé qui critiquait ouvertement le Hezbollah, le puissant parti politique chiite qui est aussi un groupe armé. Slim défendait l’idée d'un Liban laïque et démocratique. Malgré son opposition au Hezbollah, Slim vivait et travaillait dans des zones principalement contrôlées par ce groupe.

Lokman Slim avait cofondé avec sa sœur Rasha une maison d'édition indépendante, Dar Al-Jadeed. Il avait également cofondé avec son épouse une organisation non gouvernementale, le centre de documentation et de recherche  UMAM. Ce centre se consacre à des recherches sur la guerre civile au Liba,  afin d’en tirer les leçons pour prévenir le risque d’un tel conflit à l’avenir. Slim organisait fréquemment des débats, des projections de films et des expositions au siège de l’UMAM, dans le sud de Beyrouth.

Peu après l’annonce de la mort de Lokman Slim, le fils du chef du Hezbollah a tweeté que « la perte de certaines personnes est en fait une victoire […] inattendue », rajoutant le hashtag #noregrets. Jawad Nasrallah a par la suite supprimé son tweet, et a déclaré que ce message n'avait aucun lien avec le meurtre de Slim.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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