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Biélorussie : La répression s'intensifie

Des descentes de police ont ciblé des organisations de défense des droits humains, des activistes et des journalistes

Des policiers cagoulés quittent le bureau de l'Association biélorusse des journalistes à Minsk, en Biélorussie, en emportant des documents et des ordinateurs portables après y avoir effectué une descente de police, le 16 février 2021. L’homme à droite est le président de l’association, Andreï Bastunets. © 2021 AP Photo

(Berlin, le 17 février 2021) - Les forces de l'ordre biélorusses ont mené des descentes de police visant des défenseurs des droits humains et des journalistes dans plusieurs villes le 16 février, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les policiers ont effectué des perquisitions dans de nombreux bureaux et domiciles, et ont détenu au moins 40 personnes. Plusieurs personnes ciblées avaient documenté des abus liés aux récentes manifestations en cours, ou fourni une assistance aux personnes détenues sur la base de motifs politiques, ainsi qu’à leurs familles.

Le Comité d'enquête biélorusse, un organisme d’État chargé d’enquêtes criminelles, a déclaré que les perquisitions avaient ciblé des groupes « qui se présentent comme des organisations de défense des droits humains », afin de « déterminer les circonstances [de leur] financement des manifestations ». L’enquête criminelle a été lancée en vertu de l'article 342 du Code pénal biélorusse, qui interdit « l’organisation et/ou la préparation d'activités qui constituent de graves violations de l'ordre public », a ajouté l'agence.

« Ces descentes de police font partie d'une campagne d'intimidation flagrante », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « En prenant pour cible des défenseurs des droits humains et des journalistes indépendants, les autorités biélorusses tentent manifestement d’ébranler la société civile de ce pays. »

Les descentes de police ont été menées moins d’une semaine avant l’ouverture à Genève de la 46ème session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui débutera le 22 février. La répression qui se poursuite en Biélorussie depuis l'élection présidentielle du 9 août 2020 un l’est des thèmes figurant à l'ordre du jour de la session.

Lors de leur prochaine session, les membres du Conseil des droits de l'homme devraient adopter une résolution condamnant les abus commis depuis l'élection présidentielle d'août, confirmant l’intention de surveiller la situation en Biélorussie et appelant à ce que les auteurs de violations soient tenus responsables de leurs actes, a déclaré Human Rights Watch.

Les descentes de police ont commencé tôt dans la matinée du 16 février, et se sont poursuivies tout au long de la journée. Parmi les personnes visées et détenues se trouvaient des dizaines de défenseurs des droits humains, des journalistes et des membres de syndicats indépendants à Minsk, à Vitebsk, à Homyel, à Mazyr, à Mahiliou et dans d'autres villes. Parmi les organisations visées figurent le Centre des droits humains Viasna (« Printemps »), l'Association biélorusse des journalistes (BAJ), Barys Zvozskau Belarusian Human Rights House et la Fondation de solidarité du Bélarus.

La plupart des activistes et journalistes arrêtés ont été libérés. Mais d’autres seraient toujours détenus, leurs collègues n’ayant pas réussi à les contacter.

Au cours des perquisitions, les agents des forces de l'ordre ont confisqué du matériel, notamment des appareils photo, des clés USB, des disques durs et des ordinateurs portables, ainsi que des cartes bancaires, des documents et des espèces.

Les autorités biélorusses ont déclenché une vague de répression contre des manifestants pacifiques et leurs partisans, à la suite de l'élection présidentielle. Les autorités ont emprisonné des dizaines d’opposants politiques, notamment des candidats à la présidence, ainsi que des militants civiques et des défenseurs des droits humains.

La journaliste biélorusse Ekaterina Bakhvalova (à droite) serre l'épaule de sa collègue Daria Chultsova (à gauche) dans la cage servant de box des accusés, lors de leur procès à Minsk, en Biélorussie, le 9 février 2021. © 2021 AP Photo

Au moins 11 journalistes sont actuellement incarcérés, et visés par des amendes ou des chefs d’accusation fallacieux liés aux manifestations. En outre, les journalistes Daria Chultsova et Ekaterina Bakhvalova font l’objet d’un procès pour « violation flagrante de l'ordre public » lié a leurs reportages sur les manifestations. [Mise à jour: elles ont été condamnées chacune à deux ans de prison.]

Le 5 novembre 2020, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a publié un rapport concluant que les autorités biélorusses avaient commis des « violations massives et systématiques » des droits humains avant et après l'élection présidentielle. L’OSCE a souligné que les individus responsables de torture et d’autres abus devraient être traduits en justice.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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