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Un avocat camerounais des droits humains détenu suite à de fausses accusations de terrorisme

Les opposants et les défenseurs des droits humains injustement emprisonnés doivent être remis en liberté

Une patrouille de gendarmes camerounais déployée lors d'un rassemblement politique sur la place Omar Bongo, à Buea, capitale de la région du Sud-Ouest au Cameroun, le 3 octobre 2018. © 2018 Marco Longari/AFP/Getty Images

Cela fait une semaine aujourd’hui depuis que l’éminent avocat camerounais des droits humains, Amungwa Tanyi Nicodemus, a été jeté derrière les barreaux pour de fausses accusations d’incitation au terrorisme. Il devrait être immédiatement remis en liberté.

Des gendarmes ont arrêté Amungwa le 31 mai au Groupement territorial de la gendarmerie à Yaoundé, la capitale du Cameroun, alors qu’il aidait un client. Selon ses avocats, après qu’Amungwa s’est plaint d’une violation de la procédure pénale camerounaise dans le cas de son propre client, le gendarme chargé de l’enquête a saisi le téléphone d’Amungwa en l’absence de mandat, affirmant qu’il avait pris des photos dans les locaux. En recherchant les photographies présumées, le gendarme est tombé sur d’autres photos qui documentaient des abus militaires présumés commis dans les régions anglophones du Cameroun, avant d’arrêter Amumgwa, ont déclaré ses avocats.

Il a été transféré au Service central des recherches judiciaires (SCRJ), qui dépend du Secrétariat d’État à la défense (SED), un centre de détention où Human Rights Watch a déjà documenté le recours répété à la détention secrète et à la torture. Il y est toujours détenu.

Le 1er juin, les avocats d’Amungwa et le bâtonnier du barreau du Cameroun lui ont rendu visite en détention et demandé sa libération. Deux jours plus tard, le procureur du tribunal militaire de Yaoundé a rejeté la demande de remise en liberté sous caution des avocats, renvoyant l’affaire au SCRJ pour « vérifications pertinentes ».

Amungwa, membre du barreau du Cameroun, est l’un des avocats représentant Sisiku Julius Ayuk Tabe, le leader emprisonné du groupe séparatiste camerounais, Ambazonia Interim Government (« Gouvernement par intérim d’Ambazonie »), et plusieurs autres personnes arrêtées en lien avec la crise dans les régions anglophones.

« L’arrestation d’Amungwa est une attaque directe contre la profession juridique », m’a confié Ayukotang Ndep Nkongho, l’un des avocats d’Amungwa. « Sa détention arbitraire révèle un système visant à étouffer et à fragiliser le rôle et les activités des avocats saisis d’affaires d’importance relatives aux droits humains. »

La détention d’Amungwa intervient dans le cadre d’une répression de grande ampleur au Cameroun contre l’opposition et la dissidence. Il fait partie des dizaines  d’opposants ayant critiqué le gouvernement, de défenseurs des droits humains et de journalistes arrêtés ces dernières années.

Être en possession de photographies qui fournissent des preuves d’abus commis dans les régions anglophones n’est pas un crime, encore moins un acte d’incitation au terrorisme. Les autorités camerounaises devraient immédiatement remettre Amungwa en liberté et veiller à au respect de son droit à des garanties de procédure régulière, ainsi que de son rôle et de ses prérogatives en tant qu’avocat.

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