Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.
Dans l'après-midi du 2 octobre 2018, l'éminent journaliste saoudien et chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi s'est rendu au consulat saoudien d'Istanbul pour obtenir les documents nécessaires pour son mariage. C'est la dernière fois que sa fiancée l'a vu.
Des agents saoudiens l’ont assassiné à l'intérieur du consulat et ont découpé son corps en morceaux.
Il ne s'agissait pas simplement d'une opération véreuse. En 2019, une enquête de l'ONU a mis en évidence « une coordination, des ressources et des finances gouvernementales importantes » derrière l'assassinat. En 2021, les services de renseignement américains ont conclu que le prince héritier Mohammed ben Salmane avait lui-même approuvé l'opération. Cependant, aucun responsable saoudien de haut niveau n'a été tenu pour responsable.
L'implication de l'État saoudien s'est notamment traduite par le fait que les agents ont pris l'avion vers et depuis leur mission à gages à Istanbul dans deux avions de Sky Prime Aviation, une compagnie de jet privée appartenant au Fonds d'Investissement Public (PIF) de l'Arabie saoudite. Le PIF est le fonds souverain contrôlé par le gouvernement, dont les actifs sous gestion s'élèvent à environ 620 milliards de dollars.
Ce qui nous amène à parler, entre autres, de golf professionnel...
Cette semaine, le PIF a de fait pris le contrôle de ce sport au niveau mondial, en fusionnant son propre groupe LIV Golf avec L'Association Professionnelle de Golf (PGA). Le PGA Tour a annoncé la création d'une « nouvelle société à but lucratif détenue collectivement » et a précisé que « le PIF sera le principal investisseur de la nouvelle société ».
Apparemment, le PGA Tour a oublié comment, dans une affaire judiciaire américaine de septembre, il avait ouvertement accusé LIV Golf d'essayer de "blanchir par le sport les atrocités récentes de l’Arabie saoudite". Dans le cadre du nouvel accord de fusion, les parties ont accepté de mettre fin à toutes actions en justice en cours entre elles.
L'Arabie saoudite dépense des milliards en événements sportifs et en divertissement pour faire oublier au monde son épouvantable bilan en matière de droits humains et les horreurs telles que le meurtre et le massacre de Jamal Khashoggi.
Il est évident que le PGA Tour a changé de discours pour des raisons financières, mais leur hypocrisie est stupéfiante. En quelques mois seulement, ils sont passés de de la critique des atrocités commises par l'Arabie Saoudite et du rejet de leur sportwashing (blanchiment par le sport) à une collaboration totale avec eux.
Mais tout l'argent et toutes les compétitions de golf du monde ne feront pas oublier la brutalité saoudienne. Les autorités saoudiennes pensent qu'elles peuvent blanchir leur réputation en s'associant à la PGA, mais en fait, tout ce que les gens voient, c'est que la PGA détruit sa propre réputation en s'associant aux dirigeants saoudiens.
