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Lourd bilan meurtrier lors de nouvelles violences communautaires dans l'ouest de la RD Congo

La dernière attaque perpétrée par des miliciens Mobondo met en évidence l'absence de règlement des différends coutumiers

Le marché Malebo, situé à Bandundu, transformé en camp d'accueil pour les personnes déplacées malgré la tentative du gouvernement congolais de le fermer. © 2022 Venance Kalenga/Human Rights Watch

Des hommes armés ont tué au moins 20 personnes lors d'une embuscade dans l'ouest de la République démocratique du Congo. Il s'agit de la dernière attaque en date d'un cycle de violences communautaires qui a forcé des milliers de personnes à fuir dans un contexte de grave crise humanitaire.

Le 26 juin, des miliciens Mobondo munis d'armes à feu ont tendu une embuscade à un camion transportant principalement des commerçants Teke près du village de Mulunu dans le territoire de Kwamouth, au nord-est de Kinshasa, la capitale. Les assaillants ont ensuite mis le feu au véhicule.

Le conflit d’ordre foncier et coutumier a éclaté en juin 2022 entre les communautés dites « originaires » et « non originaires » ; des centaines de personnes ont été tuées. Le conflit qui couvait a dégénéré en violence généralisée après que de nombreux fermiers, principalement Yaka, ont rejeté une augmentation de la redevance coutumière par les chefs Teke dits « originaires ».

Des groupes se faisant appeler « Mobondo », en référence à leurs fétiches protecteurs, ont recruté principalement parmi les communautés dites « non originaires » Yaka, Suku, Mbala, Ndinga et Songo, et ont pris pour cible les villageois Teke avec des machettes, des lances, des fusils de chasse et des fusils d'assaut militaires. Les forces de sécurité congolaises ont mené des opérations – les dernières ont été lancées en mai – mais n'ont pas réussi à mettre fin à la violence. Bon nombre d’attaques ont eu lieu cette année et le dernier incident meurtrier rappelle l'urgence de la crise.

Human Rights Watch a précédemment documenté ce conflit, qui s'est étendu aux provinces de Mai-Ndombe, Kwango et Kwilu et jusqu’à la périphérie de Kinshasa. Des milliers de personnes ont fui leurs maisons, déclenchant une crise humanitaire. L'insécurité empêche de nombreux élèves de passer leurs examens de fin d'année, tandis que l’identification et l’enrôlement des électeurs en vue des prochaines élections de décembre sont pour le moment suspendues.

Fin avril, le gouvernement congolais a mis en place une commission d'enquête sur les exactions commises par les forces de sécurité au cours des opérations précédentes. Cependant, des centaines d'assaillants qui se sont rendus ont été transférés dans des centres de formation militaire sans jamais avoir fait l’objet d’un examen minutieux de leur profil (procédure de « vetting ») pour s'assurer que les nouvelles recrues n'ont pas été elles-mêmes impliquées dans des abus graves. De même, le gouvernement a chargé certains individus – décrits comme les « auteurs intellectuels » des violences communautaires dans un avis de recherche de la police nationale – d’assurer la médiation entre les communautés en conflit et d'aider à la démobilisation des miliciens Mobondo.

Au lieu de mettre un terme aux exactions, l'absence d'obligation de rendre des comptes pour les auteurs et les instigateurs présumés des crimes renforce la méfiance entre les communautés et entraine de nouvelles atrocités. Parallèlement, l'absence de solutions significatives et durables quant aux redevances coutumières et au régime foncier expose les communautés à de nouveaux cycles d'attaques et de représailles.

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