Skip to main content
Des migrants secourus s'abritent dans un dépôt après un naufrage au large de Kalamata, en Grèce, le 14 juin 2023. 2023 Costas Baltas/Anadolu Agency via Getty Images  © 2023 Costas Baltas/Anadolu Agency via Getty Images

Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.

Qui croire ?

D'une part, il y a les survivants de la plus grande tragédie survenue au large des côtes grecques ces dernières années.

De l'autre, les garde-côtes grecs.

Les deux parties racontent des récits très différents de ce qui s'est passé le 14 juin, lorsque le bateau de pêche Adriana a coulé près de Pylos, noyant la plupart des 750 personnes qui se trouvaient à bord.

L'une des questions cruciales concerne une corde - ou « ligne », comme diraient les marins - entre le bateau surchargé et le navire des garde-côtes dépêché sur les lieux.

Amnesty International et Human Rights Watch se sont entretenus avec des survivants, qui ont décrit avec constance comment le bateau des garde-côtes a attaché une corde à l'Adriana et a commencé à le remorquer. Selon les survivants, cette manœuvre a provoqué une oscillation inhabituelle de l'Adriana, qui a ensuite chaviré.

Les autorités grecques ont fermement démenti ces faits. De hauts responsables des garde-côtes grecs nous ont dit que leur bateau s'était approché de l'Adriana et n'avait utilisé une ligne que pour s'approcher du bateau. Ils affirment qu'ils ont fait cela pour évaluer si les passagers migrants voulaient de l'aide, mais que les passagers ont rejeté la corde et que le bateau a continué sa route.

Les survivants affirment que les passagers de l'Adriana imploraient pour être secourus de leur fragile bateau de pêche - ils avaient même appelé à l'aide par téléphone satellite quelques heures auparavant - mais que les garde-côtes grecs n'ont pas voulu les écouter.

Lorsque les témoignages divergent autant, il est évident qu'une enquête indépendante et impartiale s'impose pour déterminer ce qui s'est passé. Les autorités grecques ont ouvert deux enquêtes criminelles, l'une visant les passeurs et l'autre les actions des garde-côtes.

Il est tout aussi évident que la crédibilité des enquêtes menées par la Grèce sera remise en question.

Cela est d'autant plus vrai après le naufrage du « Farmakonisi » en 2014, durant lequel les survivants ont également affirmé que leur bateau avait chaviré lorsque les garde-côtes grecs avaient tenté de les remorquer. Dans cette affaire, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné les opérations de sauvetage et l'enquête qui a suivi, y compris la manière dont les témoignages des victimes ont été traités.

Il y a des choses que les autorités peuvent faire pour rendre les enquêtes d'aujourd'hui plus crédibles.

L'une d'entre elles consisterait à placer les enquêtes sous la supervision du bureau du Procureur de la Cour suprême. Une autre serait de veiller à ce que le bureau du Médiateur grec soit en mesure de remplir correctement son rôle de contrôle, en ayant accès à toutes les preuves nécessaires.

Et, bien sûr, les enquêtes devraient impliquer le recueil des témoignages de tous les survivants, dans des conditions où ils se sentent en sécurité pour parler ouvertement.

Les enquêtes semblent également se multiplier à l'heure actuelle. Le Médiateur européen a annoncé qu'il ouvrirait une enquête sur les actions de l'agence européenne des frontières Frontex en Méditerranée, y compris lors du naufrage de l'Adriana.

S'il y a de la place pour une autre enquête, j'aimerais qu'elle porte sur les politiques d'asile et d'immigration illégales et sans morale de l'UE en général.

Mais pour l'instant, une dernière question sur Pylos : où sont les téléphones portables ? Les survivants affirment que les garde-côtes grecs leur ont pris leurs téléphones (et peut-être aussi ceux des cadavres) après qu'ils aient été sortis de l'eau. Les survivants nous ont dit qu'ils contenaient des preuves vidéo vitales sur le naufrage et ce qui l'a provoqué.

Les récits de ce qui s'est passé ce terrible jour divergent considérablement, mais si les garde-côtes grecs sont si sûrs de leur version, pourquoi ne rendent-ils pas ces téléphones - ou ne les remettent-ils pas en tant que preuves ?

Les news de cette semaine suggèrent que c'est précisément sur ce point que les enquêteurs concentrent désormais leur attention.

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Mots clés
Thème