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Des policiers libanais surveillaient une manifestation en faveur des droits LGBT à Beyrouth, le 22 février 2009. Ce rare rassemblement avait été organisé par une vingtaine d’homosexuels pour protester contre les violences infligées à deux homosexuels par deux policiers en civil ; les autorités de police avaient nié ces abus. © 2009 AP Photo/Hussein Malla

Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.

Le Liban souffre d'une crise économique dévastatrice qui a plongé plus de 80 % de la population dans la pauvreté. Alors, bien sûr, les autorités libanaises s'attaquent en priorité... <regarde ses notes, lève les yeux, regarde à nouveau ses notes> ...aux personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes).

Même pour les « dirigeants » politiques libanais, réputés pour esquiver leurs responsabilités, c'est ahurissant.

En août, deux hauts responsables libanais ont présenté des projets de loi qui criminaliseraient explicitement les relations homosexuelles entre adultes consentants et puniraient toute personne « faisant la promotion de l'homosexualité » d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement. Ils ne définissent même pas ce qu'est la « promotion de l'homosexualité », ce qui montre à quel point les politiciens cherchent désespérément à créer des boucs émissaires pour détourner l'attention de leur propre incompétence de longue date. 

Ces projets de loi ne marquent pas le début de la chasse aux sorcières au Liban. Elle dure depuis un certain temps et est passée à la vitesse supérieure à la fin du mois de juin avec une interdiction ministérielle illégale des événements liés aux personnes LGBTI. Tout cela s'inscrit dans le contexte d'une augmentation de la violence anti-LGBTI au cours de l'année – rendue possible par les autorités, qui continuent de passer l’éponge.

Un exemple récent : le 23 août, des hommes du groupe ouvertement hostile aux LGBTI « Soldats de Dieu » (nb : Dieu ne leur a jamais donné l'autorisation d'utiliser ce nom) ont attaqué des personnes lors d'un spectacle de drag dans un bar de Beyrouth. Ils ont battu certains participants et menacé de commettre d'autres violences à l'encontre des personnes LGBTI.

Des agents des forces de sécurité intérieure libanaises sont arrivés alors que l'attaque était en cours, mais ne sont pas intervenus. Au lieu de ça, ils auraient interrogé le propriétaire du bar et les clients au sujet du spectacle. Personne n'a été arrêté pour cette attaque.

Pour reprendre les termes de ma collègue et chercheuse Rasha Younes, les autorités « autorisent une violence incontrôlée à l'encontre » des personnes LGBTI.

L'ensemble de la manœuvre - les projets de loi, les interdictions, le feu vert aux violences - est un autre cas typique d’une ruse souvent utilisée par les politiciens : ne nous blâmez pas, nous les détenteurs du pouvoir qui devrions gérer le pays avec sagesse. Non, blâmez plutôt une minorité vulnérable qui n'a que peu ou pas de pouvoir. 

Vous pensez peut-être que notre gestion désastreuse est à l'origine de vos problèmes, comme le fait de ne pas avoir assez d'argent pour vivre. Mais regardez, là-bas, des homosexuels ! Voilà votre vrai problème !

Comme ailleurs, par exemple avec la nouvelle loi anti-LGBT en Ouganda, personne ne devrait être dupée par cette distraction de politiciens sans scrupules. 

La question que les citoyens libanais devraient poser est claire : pourquoi nos gouvernants ne s'efforcent-ils pas d'améliorer la vie de tous, au lieu de consacrer tant de temps et d'efforts à empirer la vie de certains ?

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