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EAU : Les abus contre les travailleurs migrants sont aggravés par la crise climatique

Les pays participant à la COP28 devraient défendre les droits des travailleurs durement touchés par cette crise

  • Les travailleurs migrants représentent 88 pour cent de la population des Émirats arabes unis, et viennent souvent de pays exposés aux risques climatiques. Aux EAU, ils sont confrontés à des risques climatiques croissants, en particulier à la chaleur extrême qui peut induire des problèmes de santé chroniques, voire fatals.
  • Les abus généralisés en matière de travail, comme les frais de recrutement exorbitants et le vol de salaires, limitent la capacité des travailleurs à soutenir financièrement leurs familles, y compris lors d'événements météorologiques extrêmes liés au climat.
  • Ces abus commis aux EAU, qui accueillent la prochaine conférence sur le climat COP28, contribuent à l'injustice climatique de plusieurs manières.
  • Les gouvernements participant à cette conférence devraient faire pression sur les EAU en faveur de réformes du droit travail, et renforcer leur soutien aux communautés dans des pays comme le Népal, le Bangladesh et le Pakistan, particulièrement exposés aux risques climatiques.

(Beyrouth, 21 novembre 2023) – Les travailleurs migrants aux Émirats arabes unis (EAU) sont exposés à des risques climatiques pouvant induire des dommages chroniques à leur santé, notamment lorsqu’ils travaillent dans des températures extrêmes sans protection adéquate, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. En outre, les travailleurs migrants sont souvent confrontés à d’autres abus comme des salaires impayés et des frais de recrutement exorbitants qui limitent leur capacité à subvenir aux besoins de leurs familles, y compris lors d’événements météorologiques extrêmes dus au changement climatique. Ces abus se produisent alors même que les EAU et d’autres pays émetteurs de gaz à effet de serre alimentent la crise climatique. Les EAU figurent parmi les principaux producteurs mondiaux de pétrole, et (selon les chiffres par habitant) parmi les principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde.

Alors que les EAU s’apprêtent à accueillir la prochaine Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), les autres gouvernements devraient exhorter ce pays à mieux protéger les travailleurs migrants, qui constituent plus de 88 % de sa population, et mettre fin aux abus. Les EAU et d’autres pays contribuant aux changement climatique, ainsi que les grandes compagnies pétrolières privées, devraient offrir un soutien financier aux communautés affectées dans les pays les plus durement touchés comme le Népal, le Bangladesh et le Pakistan. Tous les États et toutes les entreprises devraient éliminer progressivement les combustibles fossiles qui sont à l’origine de la crise climatique.

« Les travailleurs migrants aux Émirats arabes unis et leurs communautés dans leurs pays d'origine, qui contribuent à peine à la crise climatique, sont particulièrement exposés aux risques liés au changement climatique », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Non seulement les Émirats arabes unis aggravent la crise climatique en tant que producteur majeur de combustibles fossiles, mais les abus infligés aux travailleurs et les protections thermiques inadéquates exacerbent l’injustice liée aux phénomènes climatiques. »

Entre mai et septembre 2023, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 73 travailleurs migrants (ou ex-travailleurs migrants) aux EAU, et 42 membres de leurs familles vivant au Pakistan, au Bangladesh et au Népal. Dans 94 cas, ces personnes vivent dans régions déjà confrontées aux conséquences dévastatrices de la crise climatique. Selon des études scientifiques, des événements météorologiques extrêmes comme les inondations, les cyclones et la salinisation des terres agricoles sont liés au changement climatique. Les travailleurs migrants dont Human Rights Watch a recueilli les témoignages étaient employés dans divers secteurs dont la construction, le nettoyage, l’agriculture, l’élevage et la sécurité ; elles étaient souvent exposées à la chaleur extrême des EAU, qui augmente davantage encore en raison du changement climatique.

La chaleur extrême constitue un grave danger pour la santé ; elle peut être mortelle, ou avoir des conséquences à vie. La chaleur peut exacerber des conditions de santé préexistantes, altérer les fonctions cognitives et augmenter le risque de blessures au travail. Elle peut également provoquer des éruptions cutanées, des crampes, l’épuisement ou l’hyperthermie (« coup de chaleur »). Pourtant, les EAU ne protègent pas suffisamment les travailleurs contre ces dangers ; par exemple, ce pays n’impose que des interdictions de travail arbitraires et prédéfinies vers la mi-journée pendant les mois d'été, au lieu d’adhérer à des normes plus rigoureuses basées sur les risques, telles que l'indice de température au thermomètre mouillé (« Wet Bulb Globe Temperature », WBGT), et d’appliquer des lignes directrices exigeant des arrêts de travail lorsque les conditions deviennent dangereuses.

Au-delà d’une protection thermique inadéquate, les travailleurs migrants sont également victimes de graves abus en matière de travail, comme le vol de salaires et des frais de recrutement exorbitants qui affectent leur capacité à envoyer de l’argent chez eux. Au cœur de ces abus se trouve le système de parrainage (« kafala »), intrinsèquement abusif, qui lie leurs visas à leurs employeurs et les rend très vulnérables, notamment en restreignant la mobilité professionnelle et en confisquant leurs passeports. Les Émirats arabes unis interdisent également les syndicats, ce qui entrave la capacité des travailleurs à exiger une meilleure protection du travail.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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