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Afghanistan : Les écoles talibanes échouent aussi à l’égard des garçons

Les politiques éducatives des talibans ne nuisent pas seulement aux filles et aux femmes

Des élèves afghans assistaient à un cours dans un lycée de Kaboul, accessible uniquement aux garçons, le 25 mars 2023. © 2023 Ahmad Sahel Arman/AFP via Getty Images
  • Les politiques éducatives abusives des talibans en Afghanistan nuisent aussi bien aux garçons qu'aux filles et aux femmes, suite au licenciement d'enseignantes qualifiées et aux changements régressifs apportés aux programmes scolaires.
  • Ces changements ont conduit à une baisse de la fréquentation scolaire et à une perte d'espoir pour l'avenir ; les talibans risquent ainsi de créer une « génération perdue ».
  • Les gouvernements préoccupés et les agences des Nations Unies devraient exhorter les talibans à mettre fin à leur interdiction discriminatoire portant sur l'éducation des filles, et à cesser de violer les droits des garçons à une éducation de qualité.

(Londres) – Les politiques éducatives abusives des talibans en Afghanistan font du tort non seulement aux filles et aux femmes, mais aussi aux garçons, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

Le rapport de 19 pages, intitulé « “Schools are Failing Boys Too”: The Taliban’s Impact on Boys’ Education in Afghanistan » (« “Les écoles échouent aussi a l’égard des garçons” : Impact des talibans sur l’éducation des garçons en Afghanistan »), documente les politiques et pratiques mises en place par les talibans depuis qu’ils ont repris le contrôle du pays en août 2021, et qui compromettent l’éducation des garçons afghans. Il s’agit notamment du licenciement d’enseignantes, du recours accru aux châtiments corporels et de modifications régressives des programmes scolaires. Les interdictions imposées par les talibans à l’enseignement secondaire et supérieur pour les filles et les jeunes femmes ont fait la une des journaux du monde entier, mais les graves dommages causés au système éducatif pour les garçons ont été moins remarqués.

« Les talibans sont en train de causer des dommages irréversibles au système éducatif afghan, tant pour les garçons que pour les filles », a déclaré Sahar Fetrat, chercheuse adjointe auprès de la division Droits des femmes à Human Rights Watch et auteure du rapport. « En fragilisant l’ensemble du système scolaire du pays, les talibans risquent de créer une génération perdue, privée d’une éducation de qualité. »

Durant les périodes juin-août 2022 et mars-avril 2023, Human Rights Watch a mené des entretiens à distance avec 22 garçons, élèves de classes comprises entre la 8ème et 12ème année scolaire (soit entre la 4ème et terminale selon le système français), ainsi qu’avec cinq parents, dans les provinces de Kaboul, Balkh, Herat, Farah, Parwan, Bamiyan, Nangarhar et Daikundi.

Les talibans ont renvoyé toutes les enseignantes des écoles de garçons, ce qui signifie que de nombreux garçons sont instruits par des enseignants non qualifiés ou se retrouvent parfois même sans enseignant pour certains cours. Les garçons et les parents ont décrit une hausse inquiétante du recours aux châtiments corporels ; des garçons sont parfois battus devant toute l'école pour des motifs comme leur coupe de cheveux, leur tenue vestimentaire ou la possession d’un téléphone portable. Les talibans ont supprimé des matières scolaires telles que les arts, les sports, l’anglais et l’éducation civique, entraînant une baisse de la qualité de l’éducation.

En vertu de la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, que l’Afghanistan a ratifiée en 2003, les gouvernements sont tenus de garantir « l'élimination de toute conception stéréotypée des rôles de l'homme et de la femme à tous les niveaux et dans toutes les formes d'enseignement ».

Les châtiments corporels infligés aux enfants dans les écoles constituent une violation de leurs droits humains, a déclaré Human Rights Watch. Le recours à la violence pour punir les enfants provoque des douleurs et des souffrances inutiles, est dégradant et nuit au développement, à la réussite scolaire et à la santé mentale des enfants. Le Comité des droits de l'enfant des Nations Unies a fait valoir que tous les châtiments corporels sont interdits par le droit international, et que tous les enfants ont droit à une éducation dans un environnement exempt de violence. La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, que l’Afghanistan a ratifiée en 1994, énonce les droits des enfants à l’éducation, à la sécurité et à la protection contre la violence.

Les gouvernements concernés et les agences des Nations Unies devraient exhorter les talibans à mettre fin à leur interdiction discriminatoire de l'éducation pour les filles et les femmes, et à cesser de violer les droits des garçons à une éducation sûre et de qualité. Les talibans devraient notamment réembaucher toutes les enseignantes licenciées, réformer le programme scolaire conformément aux normes internationales des droits humains, et mettre fin à tous les châtiments corporels.

Texte complet en anglais en ligne ici.

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