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Sur le Soudan, les États-Unis passeront-ils de la parole aux actes ?

Le Brief du Jour du 12 décembre 2023

Des familles ayant fui une vague de violences ethniques perpétrées à Ardamata, au Darfour occidental (Soudan), arrivaient à Adre, au Tchad, le 7 novembre 2023. Des survivants ont évoqué des exécutions et des pillages à Ardamata, commis selon eux par les Forces de soutien rapide (RSF) et des milices arabes alliées. © 2023 Reuters/El Tayeb Siddig

Aux yeux des États-Unis, c'est désormais officiel : des crimes atroces ont été commis au Soudan.

Confirmant ce que l'on sait depuis longtemps – et dont cette newsletter ne cesse de faire état, encore et encore et encore – le gouvernement des États-Unis a officiellement annoncé être convaincu que des crimes de guerre et contre l'humanité avaient été commis au cours des huit derniers mois du conflit au Soudan.

Dans une déclaration faite la semaine dernière, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a affirmé que les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) avaient perpétré des crimes de guerre. Il a ajouté que les Forces de soutien rapide et les milices qui leur sont alliées étaient également responsables de crimes contre l'humanité et de nettoyage ethnique.

Il s'agit d'une reconnaissance de l'horreur et de la souffrance qui se sont abattu sur le Soudan depuis la mi-avril. Les chiffres des Nations Unies font état de plus de 12 000 morts et de 6,6 millions de personnes déplacées – le plus grand nombre de personnes déplacées au monde. Les atrocités conduites de manière méthodique et les massacres ethniques au Darfour ont fait fuir plus de 450 000 personnes vers le Tchad.

A Washington, la question qui se pose aujourd'hui est la suivante : quelle est la prochaine étape ?

Quels efforts – diplomatiques et autres – découleront de la décision officielle des États-Unis et de la reconnaissance des graves abus commis au Soudan ?

Au mieux, on peut dire que ce n'est pas clair. M. Blinken n'a annoncé aucune action.

Voici trois suggestions, parmi de nombreuses autres idées :

Premièrement, les États-Unis devraient entamer des discussions avec des partenaires internationaux afin de trouver des moyens de protéger les civils au Soudan – aux côtés des Nations Unies, de l'Union africaine et de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui n'ont pas été en mesure d'assurer une protection adéquate. Ils doivent user de toute leur influence diplomatique sur cette question.

Deuxièmement, les États-Unis devraient imposer des sanctions supplémentaires aux personnes pour lesquelles il existe des preuves crédibles et suffisantes de responsabilité de crimes d’atrocités.

Troisièmement, le gouvernement américain doit soutenir fermement l'enquête menée par le procureur de la Cour pénale internationale sur les crimes commis récemment au Darfour. Il devrait collaborer avec le procureur afin de trouver les meilleurs moyens de soutenir les poursuites effectives de la CPI à l'encontre des personnes impliquées dans les atrocités.

La reconnaissance formelle par Washington des horreurs qui se déroulent au Soudan depuis des mois est une bonne chose, mais elle ne va pas très loin. Il faut maintenant passer des paroles aux actes.

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