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Un activiste algérien poursuit sa lutte depuis l’étranger

Depuis son nouveau domicile au Canada, Zakaria Hannache continue de suivre la répression dans son pays natal

L’activiste algérien Zaki Hannache, photographié à Alger le 13 février 2021. © 2021 Ryad Kramdi/AFP via Getty Images

Il y a cinq ans la semaine dernière, les Algériens descendaient dans les rues d’Alger pour manifester contre le projet du président Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat, lors d’une marche qui a lancé le Hirak, le plus grand mouvement en faveur de réformes en Algérie depuis des décennies.

Lorsque le Hirak a contraint Bouteflika à la démission six semaines plus tard, les manifestations n’ont pas faibli. Ces marches pacifiques du vendredi se sont poursuivies, les Algériens exigeant une refonte du système politique autocratique de leur pays.

À l’époque, Zakaria « Zaki » Hannache était un technicien apolitique bien rémunéré qui travaillait à Alger. Il n’a pas participé à la marche inaugurale, mais n’a raté aucune des suivantes, a-t-il précisé. Lorsque les arrestations de manifestants ont débuté mi-2019, il a rejoint un groupe ad hoc pour en assurer le suivi. Une tâche qui s’est compliquée à mesure qu’Abdelmadjid Tebboune, élu président en décembre de la même année, a intensifié la répression et, aidé par les restrictions imposées aux rassemblements publics en raison de la pandémie, affaibli le mouvement.

Malgré son absence de formation dans le domaine des droits humains, Hannache s’est bâti une réputation, en fournissant des informations fiables sur les arrestations, les procès et l’emprisonnement de centaines de militants du Hirak pour des accusations politiques aussi vagues que l’« atteinte à l’unité nationale ». Craignant des représailles, les avocats et les familles des victimes confiaient des informations à Hannache, qui les diffusait de manière responsable.

Lorsque la police l’a arrêté en février 2022, elle l’a questionné sur son travail. « Pour l’essentiel, on me demandait pourquoi est-ce-que les responsables des droits humains de l’ONU voudraient parler avec quelqu’un comme moi ? Pourquoi m’embarrasser avec ça alors que j’avais un bon boulot de technicien chez Sonelgaz [un groupe industriel énergétique algérien] ? Je devais forcément être financé depuis l’étranger. »

Les autorités ont remis Hannache en liberté provisoire le mois suivant, tout en l’inculpant de « diffusion de fausses informations » et de réception de « fonds… pour accomplir ou inciter à des actes de nature à porter atteinte… à la sécurité et à l’ordre public ». En août 2022, Hannache a pris la route de la Tunisie, où le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés lui a rapidement accordé le statut de réfugié.

Depuis son exil, Hannache est resté une source incontournable d’informations sur la répression en Algérie, à un moment où l’Etat arrêtait journalistes et chercheurs indépendants ; dissolvait, pour des motifs fallacieux, d’éminentes organisations de défense des droits humains et poussait à l’exil des militants de premier plan.

Hannache vivait semi-caché à Tunis, conscient qu’en 2021 un autre réfugié algérien y avait été kidnappé puis promptement emmené en Algérie, où il a depuis été jugé et emprisonné. En mars 2023, un tribunal d’Alger a reconnu Hannache coupable par contumace et l’a condamné à trois ans de prison.

Le 19 décembre 2023, Hannache s’est réinstallé au Canada, qui lui a offert l’asile politique. Depuis, il n’a pas cessé un seul instant de documenter la répression des dissidents pacifiques dans son pays.

Le Hirak a peut-être été étouffé, mais il a fait éclore une nouvelle génération de défenseurs des droits humains comme Hannache, même si beaucoup doivent pour l’instant opérer en situation d’exil.

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