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Armes explosives : Impact désastreux sur le patrimoine culturel

Le respect de la Déclaration politique de 2022 permettrait de réduire les dommages causés lors de conflits armés

Une statue de Hryhorii Skovoroda, philosophe et poète ukrainien du XVIIIème siècle, pami les décombres du musée qui lui était dédié à Skovorodynivka, dans la région de Kharkiv en Ukraine. Ce musée a été détruit lorsqu’une munition tirée par les forces russes a frappé le toit le 6 mai 2022, déclenchant un incendie majeur. © 2022 Sergey Kozlov/EPA-EFE/Shutterstock

(Oslo, 18 avril 2024) –Les bombardements de villes et de villages lors de conflits armés ont des conséquences dévastatrices sur le patrimoine culturel et les civils, ont déclaré Human Rights Watch et la Clinique internationale des droits humains (International Human Rights Clinic) de la Faculté de droit de Harvard dans un rapport publié aujourd’hui. L’atténuation de ces dommages devrait être abordée lors de la première réunion des pays ayant approuvé la Déclaration politique de 2022 sur la protection des civils contre l'utilisation d'armes explosives, qui se tiendra à Oslo, en Norvège, du 22 au 24 avril 2024.

Le rapport de 80 pages, intitulé « Destroying Cultural Heritage: Explosive Weapons’ Effects in Armed Conflict and Measures to Improve Protection » (« Destruction du patrimoine culturel : Effets des armes explosives dans les conflits armés et mesures visant à améliorer la protection »), décrit les dommages immédiats et à long terme que l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées provoque pour le patrimoine culturel, notamment les monuments historiques, les lieux de culte, les musées, les centres d’archives, les places publiques et les théâtres. Le rapport souligne que la Déclaration politique sur les armes explosives pourrait constituer un outil précieux pour aborder ce problème.

« Les gouvernements devraient reconnaître que l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées met en danger le patrimoine culturel, ainsi que les personnes qui le chérissent », a déclaré Bonnie Docherty, conseillère senior auprès de la division Armes à Human Rights Watch et chargée de cours en droit à la Clinique de Harvard. « Afin de préserver ce patrimoine pour les générations futures, les parties aux conflits armés devraient respecter la Déclaration politique de 2022, et s’abstenir de bombarder les zones urbaines peuplées. »

Lorsqu’elles sont utilisées dans des zones peuplées, les armes explosives telles que les bombes aériennes, les projectiles d’artillerie, les roquettes et les missiles tuent et blessent des civils, et détruisent des biens civils lors de l’attaque. Ces armes ont également des effets indirects à long terme, appelés effets de « réverbération », qui aggravent les souffrances des civils. En endommageant le patrimoine culturel, ces armes effacent l’histoire, sapent l’identité et l’unité de communautés, et entraînent des coûts financiers.

Human Rights Watch et la Clinique de Harvard ont mené des entretiens avec 17 experts et civils concernés par de telles attaques, examiné des sources primaires et secondaires, et mené une analyse juridique de ces documents.

Les coauteurs du rapport ont examiné la guerre que la Russie continue de mener en Ukraine, afin d’illustrer la vulnérabilité du patrimoine culturel lors d’attaques menées avec des armes explosives dans des zones peuplées. Ils ont étudié cinq exemples de sites touchés – des musées et centres d’archives locaux, des sites culturels dans des centres urbains et un lieu de culte – en soulignant la fréquence, la diversité et la gravité des effets des armes explosives sur le patrimoine culturel, ainsi que leur importance pour la population civile.

Les chercheurs se sont également appuyés sur des exemples tirés d’autres conflits armés, notamment à Gaza et au Yémen, pour différencier et approfondir les nuances entre les dommages directs et indirects causés aux lieux et aux personnes par cette méthode de guerre.

« L’utilisation d’armes explosives provoque des dommages affligeants à des sites et objets considérés comme précieux au niveau local ou même mondial », a déclaré Bonnie Docherty. « Ces dégâts frappent également au cœur des citoyens d’une nation, qui souhaitent transmettre leur héritage culturel d’une génération à l’autre. »

Depuis le 18 novembre 2022, 86 pays ont approuvé la Déclaration, qui fixe des normes afin d’empêcher l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées, et de remédier aux effets de telles frappes.

Les pays devraient interpréter la Déclaration et la mettre en pratique de manière à maximiser la protection du patrimoine culturel, ont déclaré Human Rights Watch et la Clinique de Harvard. Par exemple, les pays devraient non seulement éviter l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées, mais aussi fournir à leurs soldats une formation sur l'importance du patrimoine culturel local ; les pays devraient également collecter et partager des données sur les dommages causés au patrimoine culturel, et permettre aux experts en préservation d'accéder immédiatement aux sites touchés.

En prenant de telles mesures, les parties aux conflits armés pourraient renforcer les protections du patrimoine culturel déjà prévues par le droit international en vigueur. Dans la pratique, ces mesures permettraient de mieux protéger à la fois le patrimoine culturel et les civils.

« Tous les pays devraient adhérer à la Déclaration sur les armes explosives, et l'utiliser pour maximiser son impact humanitaire », a conclu Bonnie Docherty. « En mettant en œuvre des mesures de protection du patrimoine culturel, les pays agiront aussi d’une manière bénéfique aux civils, et apte à atténuer les horreurs de la guerre à long terme. »

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