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République centrafricaine

Événements de 2020

La garde présidentielle à Bangui, le 12 décembre 2020, lors de l’ouverture de la campagne du président Faustin-Archange Touadéra, vu sur le poster, candidat aux élections de décembre 2020.

© 2020 Camille Laffont/AFP via Getty Images

Un accord de paix conclu en 2019 entre le gouvernement et 14 groupes armés s’est effondré lorsqu’une coalition de rebelles, créée en décembre 2020, a lancé des attaques contre de grandes villes de province. L’alliance, appelée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), a fait des ravages à l’approche des élections de décembre, empêchant des centaines de milliers de personnes de voter.

L’ancien président François Bozizé est rentré au pays, après avoir fui la capitale, Bangui, en 2013 lors de l’avancée des combattants de la Seleka vers le sud du pays. Après Bozizé, le leader de la Seleka Michel Djotodia, qui a pris le pouvoir à Bozizé et a été président jusqu’en janvier 2014, est à son tour rentré en République centrafricaine. Djotodia serait resté en contact étroit avec certaines factions de la Seleka. Le retour des deux hommes a eu lieu avant les élections générales, prévues pour décembre. Le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé des sanctions ciblées à Bozizé en 2014, et les États-Unis ont sanctionné à la fois Bozizé et Djotodia en 2014.

Sidiki Abass, le chef du groupe rebelle 3R, a suspendu sa participation à l’accord de paix. Abass a démissionné de son poste au gouvernement en 2019 après que ses combattants ont tué 46 civils lors d’attaques coordonnées dans la préfecture d’Ouham-Pendé.

Les tribunaux centrafricains ont poursuivi certains membres de groupes armés impliqués dans des crimes graves, sans toutefois engager de poursuites contre leurs dirigeants. Des enquêtes étaient en cours devant la Cour pénale spéciale (CPS), un tribunal pour les crimes de guerre basé à Bangui et composé de juges et de procureurs nationaux et internationaux opérant grâce à une aide substantielle des Nations unies. Cinq ans après sa création, le financement de ce tribunal est resté fragile. En juillet, la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé la date du procès de deux suspects associés à des milices anti-balaka.

Les cas connus de Covid-19 et les décès liés au coronavirus sont restés faibles dans tout le pays, mais les restrictions de voyages et d’autres activités, imposées pour prévenir la propagation du virus, ont retardé la mise en œuvre de certains programmes liés à l’accord de paix de 2019. En raison de la pandémie, les écoles ont été fermées entre avril et septembre, affectant près d’un million d’enfants et d’adolescents scolarisés.

Attaques de civils par des groupes armés

Les combats se sont intensifiés dans le nord-est, où les anciens groupes Seleka ont continué à se fracturer selon des critères ethniques, notamment parmi les Rounga, Kara et Gula. Les combats entre factions du Front populaire pour la renaissance de la République centrafricaine (FPRC) dans les villes de Bria en janvier et de Ndele en avril ont tué des dizaines de civils. Les combats entre le FPRC et le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ) à Birao en janvier, février et mars ont fait des dizaines de morts parmi les combattants, mais aussi parmi les civils.

Les combattants de l’Union pour la paix en République centrafricaine (UPC) ont arrêté sept travailleurs de santé, dont un médecin, qui se rendaient à une campagne de vaccination contre la rougeole près d’Obo, dans la préfecture du Haut-Mbomou. L’UPC avait auparavant restreint les déplacements routiers, cherchant à consolider son contrôle dans le sud-est du pays. Les dirigeants de l’UPC ont affirmé que ces travailleurs de santé avaient été arrêtés pour avoir tenté d’entrer dans leur zone de contrôle sans y avoir été autorisés par l’UPC.

L’ONU a rapporté que des femmes et des enfants avaient été utilisés comme boucliers humains par les combattants du FPRC à Ndele pour empêcher le déploiement des casques bleus de l’ONU dans la ville.

Des violences ont éclaté dans la capitale Bangui fin décembre 2019, et des affrontements entre commerçants et groupes d’autodéfense dans le quartier du PK5 ont fait au moins 30 morts parmi les civils. Les combats avait été déclenchés par la multiplication des demandes de prélèvement de taxes par les groupes armés dans le quartier.

Élections générales

Le 25 juillet, Bozizé a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de décembre 2020 au nom de son parti, le Kwa Na Kwa. Bozizé, qui a été président de 2003 à 2013, est rentré au pays fin décembre 2019. Il a été sanctionné en 2014 par le Conseil de sécurité des Nations unies et les États-Unis pour son rôle dans le soutien aux milices anti-balaka. Le 3 décembre, la Cour constitutionnelle a jugé que Bozizé ne remplissait pas les conditions de moralité requises pour être candidat, en invoquant les sanctions des Nations unies et un mandat d’arrêt international, et a interdit sa candidature.

En août, Catherine Samba-Panza, présidente par intérim de 2014 à 2016, a également annoncé sa candidature. Si Samba-Panza a permis le maintien d’un certaine stabilité dans le pays et soutenu la mise en place de la mission de maintien de la paix des Nations unies, certains responsables de la sécurité de l’État, notamment des officiers de l’Office central de répression du banditisme (OCRB), ont commis des exécutions extrajudiciaires en toute impunité à Bangui pendant son mandat.

Le président Faustin-Archange Touadera, qui avait été élu pour la première fois en 2016, a été déclaré vainqueur des élections présidentielles en janvier 2021. Une coalition politique composée d’opposants a publié une déclaration publique contestant le scrutin.

Réfugiés et personnes déplacées

Le nombre total de personnes déplacées s’est maintenu à un niveau alarmant, totalisant plus de 1,2 million de personnes selon les Nations unies. Le nombre de réfugiés originaires de République centrafricaine dans la région s’élève à 622 000, tandis que le nombre total de personnes déplacées à l’intérieur du pays était de 623 000. Les conditions de vie des personnes déplacées et des réfugiés, dont la plupart vivent dans des camps, sont restées difficiles et beaucoup n’ont eu que peu ou pas accès à l’aide humanitaire.

Environ 2,6 millions de personnes sur une population de 4,6 millions d’habitants avaient besoin d’aide humanitaire. Le plan d’intervention humanitaire était sous-financé, avec un déficit budgétaire d’environ 272 millions de dollars en octobre.

Justice pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité

En février, la Cour d’appel de Bangui a condamné 28 combattants anti-balaka pour le meurtre de 75 civils et de dix casques bleus de l’ONU autour de Bangassou, dans la préfecture de Mbomou, en 2017. Les peines allaient de 10 ans à la prison à perpétuité.

Depuis la tenue de sa première session en 2018, la CPS a continué à traiter un nombre toujours plus important d’affaires. Au moment de la rédaction du présent rapport, quatre enquêtes étaient en cours auprès du parquet et six étaient devant des juges d’instruction du tribunal. Des victimes ont présenté d’autres dossiers devant la cour et trois suspects sont en détention provisoire. En outre, en mai, la cour a annoncé qu’elle avait ouvert des enquêtes à propos de neuf combattants de l’UPC pour des crimes commis autour de Bambouti, Obo et Zemio dans le sud-est. En mai encore, la cour a indiqué qu’elle allait ouvrir des enquêtes sur les meurtres commis à Ndele en avril.

En juillet, la CPI a fixé au 9 février 2021 l’ouverture du procès des dirigeants anti-balaka Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yékatom. Les charges retenues contre Ngaïssona et Yékatom comprennent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis entre décembre 2013 et décembre 2014. Ngaïssona avait été arrêté en France et transféré à la CPI en décembre 2018. Yékatom avait été transféré à la CPI par les autorités de la République centrafricaine en novembre 2018. La CPI n’a pas émis de mandat d’arrêt contre les dirigeants de la Seleka, à moins qu’ils ne soient sous scellés.

En septembre, l’ancien chef de la garde présidentielle de Bozizé, Eric Danboy Bagale, a été arrêté en France pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés, concernant des actes commis entre 2007 et 2014, à la fois comme chef de la garde présidentielle et leader au sein des anti-balaka.

Acteurs internationaux clés

Le Conseil de sécurité des Nations unies et les États-Unis ont imposé des sanctions à Sidiki Abass, le leader des 3R, en août. Il a été impliqué dans de graves violations des droits humains, notamment le meurtre de civils.

En septembre, les États-Unis ont imposé des sanctions ciblées à deux entreprises minières d’Afrique centrale et à trois employés russes travaillant dans le pays et liés à Yevgeniy Prigozhin, un oligarque russe considéré comme proche du président russe Vladimir Poutine. L’enquête sur le meurtre de trois journalistes russes en 2018 est au point mort. Les hommes, retrouvés morts au nord de Sibut, dans la préfecture de Kemo, enquêtaient sur le rôle accru de la Russie dans le pays et sur la possible implication de Wagner, une organisation de mercenaires liée à Prigozhin.

La mission de maintien de la paix des Nations unies, la MINUSCA, a déployé 11 650 soldats de la paix et 2 080 policiers dans de nombreuses régions du pays.

En vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies, la mission est autorisée à prendre tous les moyens nécessaires pour protéger la population civile contre la menace de violence physique et à « mettre en œuvre une stratégie de protection à l’échelle de la mission ». En novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé le mandat de la mission.

En octobre, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a reconduit le mandat de l’expert indépendant sur la République centrafricaine pour une année supplémentaire.

L’Union européenne a prolongé le mandat de sa mission militaire d’assistance et de formation (EUTM RCA) jusqu’en 2022 et a mis en place une mission civile (EUAM RCA) pour soutenir les réformes dans le secteur de la sécurité. L’UE a continué à soutenir les efforts de paix et de justice dans le pays.

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