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L'organe de l’ONU chargé des droits humains devrait prolonger les enquêtes sur l'Éthiopie

L'Union européenne devrait agir prendre pour maintenir la surveillance internationale de la crise des droits humains

Centre de personnes déplacées dans le nord de l'Éthiopie où beaucoup souffrent encore des conséquences de la guerre qui a commencé en 2020, 14 août 2023. © 2023 Edgar GutiÈrrez / SOPA Images/Sipa USA via AP Photo

La semaine dernière, une enquête indépendante des Nations Unies sur les graves violations commises depuis le début du conflit armé dans le nord de l'Éthiopie a remis un rapport au Conseil des droits de l'homme (CDH) de l’ONU à Genève. Ses conclusions font froid dans le dos.

Le rapport, rédigé par la Commission internationale d'experts en droits de l'homme pour l'Éthiopie (ICHREE), dénonce des atrocités de grande ampleur commises au cours du conflit, faisant état de 49 massacres de civils tigréens par les forces éthiopiennes et érythréennes, de violences sexuelles généralisées et systématiques à l'encontre de 10 000 femmes et jeunes filles tigréennes, de famine, de déplacements forcés et de détentions arbitraires. Elle conclut que toutes les parties au conflit, y compris les forces tigréennes, ont commis des crimes de guerre et que les forces du gouvernement fédéral et leurs alliés, dont les forces érythréennes, ont commis des crimes contre l'humanité.

L'ICHREE a averti que ni le conflit ni les violations dans le Tigré n'ont pris fin, et que les abus se poursuivent à l'échelle nationale. Elle a mis en évidence l’existence d’importantes violations commises dans les régions d'Amhara, d'Oromia et ailleurs, en soulignant les arrestations massives de membres de l'ethnie Amhara depuis que le gouvernement a imposé l'état d'urgence au mois d'août.

L'ICHREE a appelé à une véritable reddition de compte et mis en doute les promesses du gouvernement éthiopien en la matière. « L'Éthiopie n'a pas réussi à enquêter efficacement sur les violations », indique le rapport, notant que le processus national profondément défectueux du gouvernement a servi principalement à échapper tout examen international. « L'impunité, plutôt que l'obligation de rendre des comptes, est la norme en ce qui concerne les violations passées ».

Les victimes et leurs familles à travers l'Éthiopie ont toujours réclamé de véritables enquêtes, la justice et des réparations, mais n'ont aucune confiance dans les institutions du pays pour les mener à bien. Les victimes et les défenseurs des droits ont demandé à l'Union européenne, qui a mené les efforts pour établir l'ICHREE en 2021, de présenter un texte pour renouveler son mandat.

Mais alors qu'il ne reste plus qu’une semaine pour présenter un projet de résolution au Conseil des droits de l'homme, rien n'indique encore que l'UE présentera un texte de suivi du travail de la commission.

Les espoirs des victimes ne doivent pas être abandonnés en laissant la situation en Éthiopie disparaître de l'ordre du jour du Conseil. Le CDH devrait soutenir la recommandation de l'ICHREE de « prévoir une surveillance internationale continue et des enquêtes sur les violations passées et en cours » en renouvelant le mandat de l'enquête.

L'UE devrait promouvoir les droits humains et la lutte contre l’impunité en Éthiopie en s'engageant à adopter une résolution visant à poursuivre les enquêtes sur les violations, à rendre compte de la mise en œuvre des recommandations de l'ICHREE et à demander au Conseil des droits de l'homme de rendre compte publiquement de la situation en l'Éthiopie. Ne pas le faire reviendrait à renier ses propres engagements.

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