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Le nouvel envoyé de l’UA pour la prévention des génocides peut-il endiguer les atrocités en Afrique ?

Adama Dieng a pour mandat de « combattre l'idéologie de la haine »

Adama Dieng, alors conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, New York, juin 2019. © 2019 Luiz Rampelotto/EuropaNewswire/picture-alliance/dpa/AP Images

Adama Dieng a été nommé premier Envoyé spécial de l'Union africaine (UA) pour la prévention du crime de génocide et des autres atrocités de masse.

Adama Dieng sera en charge du programme de l'organisation mis en œuvre afin de « combattre l'idéologie de la haine et du génocide sur le continent », selon le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat. Cette nomination intervenue le 6 avril est on ne peut plus symbolique, puisqu'elle marque les 30 ans du génocide rwandais et rappelle l'incapacité de la communauté internationale à mettre fin à ce massacre.

Adama Dieng a occupé plusieurs postes au sein du système des droits humains et de justice des Nations Unies, notamment en tant que Greffier du Tribunal pénal international pour le Rwanda, puis en tant qu’Expert de l’ONU sur la situation des droits humains au Soudan. De 2012 à 2020, il a été Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, avec pour mandat de tirer la sonnette d'alarme sur les situations susceptibles de conduire à un génocide, et de susciter l'action du Conseil de sécurité de l’ONU pour prévenir de telles atrocités.

La nomination d'Adama Dieng à son nouveau poste intervient alors que l'Afrique fait face à une vague de terribles atrocités de masse et de crimes graves, aux conséquences humanitaires désastreuses, qui n'attirent pas ou très peu l'attention de la communauté internationale.

Le 15 avril a marqué le premier anniversaire du conflit qui se dégrade rapidement au Soudan entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF). Alors que les deux parties au conflit ont commis des violations flagrantes des lois de la guerre, les attaques ciblées contre les communautés ethniques non arabes du Darfour occidental par les RSF et les milices alliées ont fait ressurgir le spectre de la terrible guerre du Darfour. Ce conflit a fait 300 000 morts au début des années 2000 et a conduit la Cour pénale internationale à inculper le président soudanais de l'époque, Omar al-Béchir.

Au Burkina Faso, les forces gouvernementales ont procédé à des massacres de civils dans le cadre d'une campagne brutale de lutte contre les groupes armés islamistes, qui ont également commis de graves abus. En République démocratique du Congo, les forces gouvernementales et les groupes armés, dont les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, ont commis des atrocités contre des civils lors de violences dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.

Les atrocités et les crimes graves ne se limitent toutefois pas aux périodes de guerre, comme l'illustre la répression des manifestants du 30 octobre 2022 au Tchad, au cours de laquelle des dizaines de manifestants ont été abattus par les forces de sécurité.

Le nouveau mandat régional d'Adama Dieng pourrait apporter un soutien opportun aux mécanismes internationaux existants en matière de prévention des atrocités, s'il s'avère être le signe d'une plus grande volonté politique de l'UA de mettre fin aux abus de masse et de faire respecter le principe d'obligation de rendre des comptes.

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