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COP28 : Les EAU ne tiennent pas leurs promesses sur le climat et la santé

Les migrants travaillant aux Émirats arabes unis courent de graves risques sanitaires liés au climat

Des ouvriers sur un chantier de construction à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 15 août 2023. © 2023 Rula Rouhana/Reuters

Lors de la Journée internationale de la Santé à la Conférence sur le climat COP28 aux Émirats arabes unis (EAU), 124 pays ont approuvé la Déclaration commune de la COP28 sur le Climat et la Santé, qui exprime un engagement à placer la santé au centre de l’action de la communauté internationale en matière climatique. Cependant, juste à l’extérieur du site de la conférence, des travailleurs migrants sont exposés à des dangers pour leur santé associés aux effets croissants des changements climatiques et de l’utilisation de combustibles fossiles, notamment une chaleur extrême et une grave pollution atmosphérique, sans protections adéquates.

L’accent mis par cette nouvelle déclaration sur la « nécessité de lutter contre les inégalités entre pays et à l’intérieur des pays et de poursuivre des politiques permettant d’avancer sur la voie de la réalisation des Objectifs de développement durable » sonne creux pour des millions de travailleurs migrants dans les EAU, qui constituent 88% de la population, et pour leurs familles restées au pays.

Human Rights Watch a récemment documenté comment les autorités des EAU externalisent les risques climatiques en les transférant aux travailleurs migrants, qui sont exposés de manière disproportionnée à une chaleur extrême sans protection adéquate, et en renvoyant dans leurs pays des travailleurs devenus chroniquement malades sans leur fournir de remède. Ceci a pour effet de déplacer la charge des soins médicaux vers des systèmes de santé déjà surchargés dans les pays d’origine des migrants comme le Bangladesh, le Pakistan et le Népal, qui sont eux-mêmes en première ligne face aux catastrophes climatiques bien qu’étant des producteurs négligeables d’émissions de gaz à effet de serre.

La Déclaration s’abstient de caractériser les combustibles fossiles comme étant la principale source des émissions de gaz à effet de serre qui causent les changements climatiques et contribuent aux dommages pour la santé, notamment par la pollution atmosphérique. Human Rights Watch a montré que la toxicité de l’air causée par les combustibles fossiles fait courir des risques sanitaires aux personnes vivant aux EAU. Un travailleur a décrit les EAU comme étant « une usine qui produit des malades » car « très peu de personnes quittent ce pays avec un organisme en bonne santé ».

La Déclaration relève combien il importe de « renforcer la recherche trans- et inter-disciplinaire » et « les partenariats avec les populations les plus vulnérables aux impacts en matière de santé ». Toutefois, les autorités des EAU restreignent sévèrement les activités des organisations non gouvernementales, interdisent les syndicats et ont une politique de tolérance zéro à l’égard des opinions dissidentes, rendant encore plus difficile pour les travailleurs migrants la quête de réformes structurelles. L’opacité dont fait preuve le gouvernement au sujet des données relatives à la santé handicape les recherches visant à promouvoir des politiques basées sur les observations concrètes, et les universitaires et les journalistes ont tendance à s’auto-censurer afin d’éviter des représailles.

La Déclaration sur le Climat et la Santé de la COP28 aux EAU révèle le large fossé existant entre la description par les hôtes de la conférence d’un pays leader en matière d’action pour le climat et la santé, et les dommages sanitaires, notamment ceux qui sont causés par l’utilisation de combustibles fossiles, contre lesquels ce même pays s’abstient de protéger ses propres habitants.

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