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Kidnappings, meurtres dans le parc national des Virunga en RD Congo

Les groupes armés représentent un danger croissant pour les touristes, les gardes du parc et les habitants

Photo non datée de Rachel Masika Baraka, garde du parc des Virunga. © Parc des Virunga

Vendredi, des assaillants non identifiés ont tué Rachel Masika Baraka, une garde du parc âgée de 25 ans, et ont enlevé deux touristes britanniques et leur chauffeur congolais dans le parc national des Virunga, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Ils participaient à un voyage touristique organisé sur le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui abrite de magnifiques volcans et une biodiversité incroyable, notamment les gorilles des montagnes, une espèce gravement menacée. Tous trois ont été libérés dimanche. Aucune information n’a été communiquée quant au paiement éventuel de rançons.

Cet incident met en exergue les dangers grandissants existant dans les Virunga et les zones environnantes.

Photo non datée distribuée par le bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth de Bethan Davies et Robert Jesty, les deux Britanniques enlevés lors d’une visite dans un parc national de l’est de la RD Congo en mai 2018. © 2018 Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth via AP

Huit gardes du parc des Virunga ont été tués depuis le début de cette année 2018, ce qui porte à 176 le nombre total de gardes tués au cours des 20 dernières années. Le 9 avril, une milice a tué cinq gardes du parc et leur chauffeur et blessé un autre garde, lors de l’attaque contre des gardes la plus meurtrière de ces dernières années. Le directeur du parc, Emmanuel de Merode, a lui survécu à un attentat contre sa vie en avril 2014. Les gardes du parc font partie d’une agence gouvernementale congolaise en charge de l’application des lois qui mène des opérations militaires aux côtés de l’armée nationale contre les nombreux groupes armés actifs dans le parc.

Le kidnapping de touristes est le dernier moyen en date auquel ont recours les groupes armés et les organisations criminelles pour essayer de gagner de l’argent grâce au paiement de rançons. D’après le Baromètre sécuritaire du Kivu, projet conjoint mené par Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo, 535 personnes au total ont été kidnappées pour obtenir une rançon dans les provinces du Nord et du Sud Kivu dans l’est de la RD Congo depuis mai 2017. Parmi elles, au moins 164 personnes ont été kidnappées lors de 78 incidents différents survenus dans les territoires de Rutshuru, de Nyiragongo et à Goma – autour du parc des Virunga. Les kidnappings dans la région ont connu leur première montée en flèche en 2015.

Les kidnappeurs suivent en général le même schéma : ils frappent, fouettent ou menacent de tuer leurs otages tout en exigeant d’eux qu’ils téléphonent à leurs proches ou leurs employeurs pour les supplier de payer pour leur libération. Les kidnappeurs réclament entre 200 $US et 30 000 $US par otage, mais les sommes payées sont souvent nettement inférieures. Les kidnappeurs ont aussi pris pour cible des travailleurs humanitaires congolais et internationaux, ce qui restreint les actions humanitaires dans cette région touchée par la pauvreté.

De nombreux groupes armés, parmi lesquels figurent les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), les groupes Nyatura et plusieurs milices Maï Maï, sont responsables de kidnappings dans la région. Dans certains cas, les auteurs sont d’anciens soldats, d’anciens membres de groupes armés ou des bandits qui travailleraient en collaboration avec des membres de l’armée ou de la police.

Même si quelques kidnappeurs ont été arrêtés et poursuivis en justice, les autorités congolaises pourraient et devraient faire bien davantage pour prouver qu’elles veulent sérieusement mettre un terme au fléau que représentent les kidnappings et protéger les personnes qui vivent à proximité du Parc national des Virunga ou y font des déplacements.

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